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avantages que la majorité du Landtag avait entendu leur assurer. Et, si le Centre s’était une fois divisé, quelle aurait été la situation de l’Eglise catholique dans le royaume de Prusse vis-à-vis de l’omnipotence du prince de Bismarck, soutenu par les conservateurs protestans et retrouvant l’appui des nationaux-libéraux ?

Le 13 septembre 1883, en rentrant à son poste, M. de Schlœzer était informé par le cardinal Jacobini d’une décision du Saint-Siège propre à faciliter un arrangement. Pour bénéficier de certaines dispositions de la dernière loi ecclésiastique, les évêques prussiens étaient autorisés par le Pape, non pas précisément à solliciter des dispenses, mais à demander l’éloignement des obstacles s’opposant à l’entrée en fonctions des prêtres qui ne se trouvaient point, pour être chargés du service paroissial, dans les conditions exigées par les lois de Mai et non abrogées. Léon XIII s’efforçait ainsi de trouver une formule propre à faciliter l’entente, sans rien enlever de leur force aux invariables protestations du Saint-Siège contre les lois de Mai.

La dernière résolution du Pape allait en effet donner au gouvernement royal le moyen de contenter les populations des provinces catholiques, en permettant aux évêques de pourvoir à la plupart des cures vacantes depuis un grand nombre d’années. Il était donc probable que le cabinet de Berlin accepterait la combinaison imaginée pour assurer l’action conciliante du Saint-Siège jusque dans les diocèses dont les chefs, naguère poursuivis et condamnés en vertu des lois de Mai, vivaient dans l’exil. Cette combinaison consistait à déléguer à l’évêque de Kulm, qui avait toujours entretenu de bons rapports avec le pouvoir civil, le soin de recommander au gouvernement, au nom de tous ses confrères, les ecclésiastiques, au nombre de douze cents environ, dont le concours n’aurait pu être utilisé sans que le gouvernement consentît à écarter les obstacles qui, aux termes des lois en vigueur, s’opposaient à ce qu’ils fussent revêtus de fonctions sacerdotales.

Les catholiques militans, et notamment le clergé des provinces rhénanes, ne furent pas sans éprouver quelque désappointement en voyant le Pape faire un premier pas dans la voie des concessions ; ils attachaient une grande importance au maintien rigoureux des deux conditions, sans lesquelles le Saint-Siège avait invariablement déclaré que tout accord était impossible. L’avenir des séminaires restait l’objet des principales préoccupations des