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lois en vigueur pour pourvoir avec la notification demandée les paroisses actuellement vacantes.

Nous avons aussi demandé qu’en même temps soient modifiées les mesures qui aujourd’hui entravent l’exercice du pouvoir et du ministère ecclésiastiques, l’instruction et l’éducation du clergé, parce que de telles modifications sont indispensables à la vie même de l’Église catholique. L’Eglise exige que les évêques aient la faculté d’instruire et de former sous leur surveillance, conformément aux enseignemens et à l’esprit de l’Eglise même, les ministres du culte. L’Etat ne pourrait demander moins que cela pour ses fonctionnaires. C’est également un élément essentiel de vie qu’une liberté raisonnable dans l’exercice du pouvoir et du ministère ecclésiastiques, pour le bien des cures. Ce serait en vain qu’on nommerait aux paroisses de nouveaux titulaires, s’ils se trouvaient empêchés d’agir en conformité avec les devoirs qu’impose l’office pastoral.

L’accord étant établi sur ces points, il sera facile, moyennant le bon vouloir réciproque, de s’entendre aussi sur les autres conditions nécessaires pour assurer une paix vraie et durable, but final de nos communs désirs.


À ces argumens M. de Schlœzer opposait ce fait, qu’en ce qui regardait la notification par les évêques au pouvoir civil des nominations aux emplois ecclésiastiques, le Saint-Siège avait -depuis longtemps accordé à la Bavière et au Wurtemberg ce que la Prusse réclamait. Mais on estimait, au Vatican, que ce qu’on avait pu concéder naguère aux cabinets de Munich et de Stuttgart, sous l’empire de conjonctures favorables, ne pouvait pas, dans les circonstances critiques où se trouvait l’Eglise catholique en Prusse, être accordé sans de graves périls au cabinet de Berlin.

Ces controverses amenaient une certaine tension dans les rapports du cardinal Jacobini et de M. de Schlœzer, qui affectait de se montrer surpris, presque blessé, que le Saint-Siège continuât d’être dominé par la défiance dans ses négociations avec le cabinet de Berlin et n’eût pas compris que son intérêt comme son devoir, au point de vue des plus hautes convenances, était de s’en remettre purement et simplement à la parole de l’empereur Guillaume, au lieu de réclamer des concessions positives avec une ténacité que la diplomatie allemande qualifiait de choquante. Il ne manquait pas dans l’entourage du Pape de prélats enclins à appuyer ces attaques contre le secrétaire d’État, et à admettre la possibilité d’une disgrâce, si les pourparlers relatifs à la cessation de la lutte en Allemagne n’aboutissaient pas à la satisfaction du Saint-Père.