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point quant à présent. Moyennant que l’inscription des lettres reçues par elle fût conforme à ce protocole, la duchesse de Bourgogne pourrait correspondre librement avec sa famille, et Torcy terminait ainsi sa dépêche : « Quant à ce qui regarde le dedans de la lettre, le Roi ne prétend point contraindre la tendresse de M. le duc et de Mmes les duchesses de Savoie, et elle laisse à leur liberté ou de la nommer : ma fille, s’il est accoutumé de le faire, ou de ne point lui donner de qualité dans le corps de la lettre[1]. »

Le 4 décembre la Princesse fit une confession générale et reçut la communion de la main de Bossuet, récemment nommé son premier aumônier. Le duc de Bourgogne fit également ses dévotions le 6. La cérémonie du mariage avait été fixée au 7 décembre. Le 7 décembre, qui tombait un samedi, entre onze heures et midi, les princes, princesses et principales dames de la cour se réuniront dans la chambre de la Princesse[2]. Le duc de Bourgogne s’y rendit à onze heures et demie, accompagné du duc de Beauvilliers. Il portait « un habit de velours noir en manteau, brodé d’or en plein, et le manteau doublé d’une étoffe d’argent, pareillement brodé d’or, mais d’une broderie délicate. Il étoit en pourpoint et chausses ouvertes, en grosses jarretières et couvertes de dentelles, des ailes et des rubans sur les souliers, un bouquet de plumes au chapeau. » Il assista à la fin de la toilette de la Princesse, assis sur un siège auprès d’elle. « L’habit de la Princesse étoit d’un drap d’argent, brodé d’argent avec une parure de rubis et de perles. » A l’issue du Conseil, le Roi la fit prévenir qu’il l’attendait. Elle sortit de sa chambre donnant la main au duc de Bourgogne. Dangeau, son chevalier d’honneur, et Tessé, son premier écuyer, soutenaient sa robe, dont un exempt des gardes portait la queue. Tessé était obligé de temps à autre de la soutenir elle-même de la main, à cause de la pesanteur de son habit. Le Roi marchait derrière eux, puis les princes et les princesses chacun à leur rang. Nous renvoyons au Mercure pour la description des toilettes qui étaient magnifiques. Le cortège passa le long de la galerie, des appartenons et du grand escalier pour gagner la chapelle où les attendait le cardinal de Coislin, premier

  1. Affaires étrangères. Correspondance, Turin, vol. 99. Torcy à Briord ; Dépêche du 3 décembre 1697 ; et Mémoires et documens. France, 1129. Protocole de la correspondance de M. le duc de Bourgogne.
  2. Nous empruntons ces détails, en les abrégeant, au Mercure de France, de décembre 1697, qui ne consacre pas moins de cinquante pages au récit de la cérémonie du mariage et des fêtes qui suivirent.