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Chose plus importante encore, le Roi réglait ses relations avec le duc de Bourgogne. Le Prince n’était autorisé à la venir voir que tous les quinze jours, et les princes ses frères, tous les mois. Une gravure du temps représente le duc de Bourgogne faisant à la princesse cette visite réglementaire[1]. La Princesse est assise sur un fauteuil, vis-à-vis sa table de toilette. Le Prince, l’épée au côté, s’incline galamment vers elle, et la duchesse du Lude, debout par derrière, les surveille majestueusement.

La Cour ne demeura que deux jours à Fontainebleau après l’arrivée de la Princesse. Le Roi craignait en automne l’humidité de la forêt. Ces deux jours furent employés en visites officielles et en promenades. Le o novembre, qui était le lendemain de son arrivée, elle commença par assister à la messe dans la petite niche adroite de la tribune royale. Pour lui faire honneur, le Roi avait ordonné que toute sa musique y jouât. Elle reçut ensuite à sa toilette les personnes qui ne lui avaient pas été présentées la veille. « Les princes et princesses, les ducs et duchesses la baisèrent ; les autres ne la baisèrent pas, mais seulement le bas de sa robe », suivant le règlement que le Roi avait arrêté pour la Dauphine Bavière[2]. Elle dîna seule dans sa chambre (l’heure du dîner correspondait à peu près à l’heure de notre déjeuner tardif d’aujourd’hui), et elle alla ensuite voir le Roi, qui était chez Mme de Maintenon. Après avoir causé quelque temps avec elle, le Roi la prit par la main, et la conduisit jusqu’à son carrosse qui l’attendait dans la cour des Fontaines. Il y monta avec elle, et y fit entrer seulement la duchesse du Lude, la comtesse de Mailly, dame d’atour de la Princesse, et Mme de Maintenon. Il la promena le long du canal, où il lui donna le divertissement de la pêche au cormoran, et dans les allées du jardin du Tibre. Quantité de seigneurs suivaient dans leurs carrosses à six chevaux. Le Roi la ramena ensuite au palais, jusqu’au degré de Madame, à qui elle alla faire visite. De chez Madame elle alla chez la princesse de Conti, de chez la princesse de Conti chez la duchesse de Bourbon, de chez la duchesse de Bourbon chez la duchesse du Maine. Enfin, sur les sept heures du soir, elle reçut la visite du duc de Bourgogne et des princes ses frères.

Le lendemain, le Roi ayant été tirer dans l’après-dînée, et

  1. Bibliothèque nationale. Cabinet des estampes, collection Hennin.
  2. Sourches, t. V, p. 214. Ce règlement se trouve aux Affaires étrangères : Mémoires et documens. France.