conséquence administrative. Cet ordre de choses a d’ailleurs pour conséquence d’alléger les hommes techniques d’obligations qui ne les enlèvent encore que trop souvent, — on l’a récemment constaté dans un de nos grands ports, — à la surveillance personnelle de leurs travaux. Celui que l’on cherche à mettre à sa place préparerait la destruction de cette forte et salutaire autorité du préfet maritime, si judicieusement assurée par les législateurs de l’an VIII.
Est-ce à dire qu’il y ait, au point de vue de l’emploi des crédits, une complète analogie entre l’arsenal maritime et l’usine industrielle ? Cette dernière fonctionne en vue d’un bénéfice à réaliser ; si elle est tenue à se procurer des matériaux de construction aux conditions les plus avantageuses, elle n’est pas, comme la marine, enserrée dans les limites étroites de crédits dont la spécialisation par année l’oblige à en suivre au jour le jour et à en prévoir minutieusement l’emploi. Bien que cette organisation fonctionne normalement par l’entente commune des directeurs et des administrateurs de l’arsenal, nous admettons pourtant que les ingénieurs aient quelque motif de revendiquer le soin de gérer plus directement les dotations affectées à leurs travaux, d’en assurer l’emploi en conformité des vicissitudes, des accélérations ou ralentissemens que ces travaux éprouvent ; aussi sommes-nous heureux de signaler, comme pouvant incidemment permettre de tenir compte de ces aspirations, un important projet de réforme.
Depuis un certain nombre d’années déjà, des membres du parlement avaient relevé ce fait que le ministre de la marine, enserré dans les mailles de son budget pour les dépenses ayant trait au personnel, échappait à toute limitation lorsqu’il s’agissait de l’emploi, c’est-à-dire de la dépense effective, de son matériel. La loi de finances détermine bien annuellement le chiffre précis des achats à faire. Mais l’utilisation des crédits alloués, financièrement d’accord avec le budget, n’est pas nécessairement en corrélation avec la consommation réelle des matières, qui est la véritable dépense, celle que le parlement avait en vue de limiter. Le ministre peut, ou bien, telle année, utiliser ses crédits en achetant le matériel, puis l’accumuler dans ses magasins sans en faire emploi, ou bien, telle autre année, ne pas se borner à consommer ce dont l’octroi des crédits lui permettait de disposer et puiser en outre dans les réserves que l’économie ou la prévoyance des années antérieures y aura accumulées. De la sorte, le département de la ma-