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trait au régime spécial des deux ports de Lorient et de Rochefort, où ces fonctions seront confiées, le jour de la mobilisation, à un contre-amiral du cadre de réserve. Les auteurs de cette réglementation ont sans doute pensé que, dans ces deux arsenaux, les services de la flotte armée et de ses réserves avaient moins d’importance que celui de la défense maritime de la rade et du littoral, et qu’en conséquence, il convenait de conserver pour cette seconde mission le seul contre-amiral servant sur place en temps de paix et pouvant par suite étudier à l’avance les conditions de cette défense. Quoi qu’il en soit, nous pensons que l’exception ainsi prévue est regrettable et qu’il conviendrait de pouvoir assurer le même régime à tous les ports, dût-on y mettre partout un contre-amiral chef d’état-major : qui peut dire le rôle que le plus humble d’entre nos arsenaux pourrait être brusquement appelé à jouer au cours des péripéties d’une guerre maritime ?


III

L’autonomie des directions de travaux est peut-être, parmi les questions dont nous avons à nous occuper, celle qui a donné lieu aux controverses les plus nombreuses et les plus passionnées : aussi bien touche-t-elle à des intérêts corporatifs, qu’il s’agisse d’attributions à gagner ou à perdre, ou encore, et surtout, d’indépendance à acquérir. Ces tendances sont inévitables ; elles se manifestent dans nos ports de guerre à propos de l’organisation que voici : tandis que, dans certains services publics, les fonctionnaires ou officiers chargés de travaux sont en même temps les administrateurs de ces services, le commissariat est chargé de l’administration dans les arsenaux maritimes, en étant indépendant des directeurs des travaux et seulement astreint à collaborer avec eux pour les actes dans lesquels l’intervention de ces directeurs est nécessaire, par exemple pour la désignation des matériaux à acheter et des conditions qu’ils doivent remplir. C’est aussi le commissariat qui suit l’emploi des crédits attribués aux divers services et qui ordonnance toutes les dépenses. Les adversaires de ce régime l’accusent de contribuer, par la nécessité de l’entente commune préalablement à chaque marché ou commande, aux lenteurs reprochées à la production de nos arsenaux ; ils font ressortir encore qu’il est illogique de ne pas donner, à chacun des directeurs auxquels il est délégué annuellement une dotation, le soin d’en suivre et d’en