sans le développement des services militaires et administratifs aujourd’hui communs à tous ; puis, cela fait, de restreindre l’importance des arsenaux conservées, en les transformant en simples annexes des escadres constituées dans leur voisinage ?
Examinons tout d’abord le reproche de n’employer à l’entretien de la flotte en service qu’une part relativement faible des sommes consacrées annuellement à la marine. On ne peut se dissimuler combien est coûteuse, pour un pays, la possession d’un état naval important, avec la valeur croissante des bâtimens, la transformation incessante des types conduisant à modifier et à remplacer les unités en service même avant leur usure. Cette reconstitution continue absorbe à elle seule une grosse part de la dépense budgétaire, part représentée par le prix de revient des bâtimens et de leurs transformations. En outre, il y a l’entretien de l’arsenal avec ses établissemens, ses bassins, ses ateliers, ses magasins, son outillage à tenir en état, à perfectionner, à approvisionner. On conçoit dès lors que l’ensemble de ces dépenses soit supérieur à celles de la flotte armée ; mais, cette constatation faite, il est absolument illogique de considérer l’entretien de la flotte comme la seule dépense utile et ayant un résultat effectif. Si le maintien d’escadres permanentes est nécessaire pour la disponibilité des bâtimens et l’instruction du personnel, il n’importe pas moins de produire en aussi grand nombre que possible les unités appelées à les constituer et à les renforcer en temps de guerre ; il est donc oiseux de comparer les dépenses qu’exige la réalisation de l’un et de l’autre objectif pour constater que le second coûte, à atteindre, plus que le premier.
À présent, quelle valeur convient-il d’attribuer à l’idée de la spécialisation de nos ports de guerre ? Legs d’un passé où nous eûmes des arsenaux militaires moins importans, sans doute, mais plus nombreux, nos cinq établissemens sont groupés sur notre littoral si étendu, de telle sorte que la Méditerranée et la Manche en ont chacune un seul, tandis que l’Océan en possède trois. Aussi les projets de spécialisation, ceux d’une suppression partielle même, ont-ils toujours visé ce dernier groupe. Il y a, d’une part, Rochefort, dont l’arsenal, éloigné de la haute mer sur une rivière peu profonde et sinueuse, n’est que difficilement accessible aux gros bâtimens de guerre ; d’autre part, Lorient, dont les chantiers de construction sont remarquablement outillés, voit ses eaux délaissées par la flotte, dont le port voisin de Brest assure les be-