son piédestal. C’est leur droit et il n’y a rien à dire : ainsi l’a voulu Napoléon Ier et des ministres républicains n’ont rien de mieux à faire, à ce qu’il paraît, que de suivre ou de raviver ses traditions. Un gouvernement, d’ailleurs, a besoin de considération : il la prend où il croit la trouver, quoiqu’il valût peut-être mieux n’avoir pas à la chercher. Quoi qu’il en soit, tout évêque est exposé, chacun à son tour, à figurer dans cette compagnie de fonctionnaires, heureux encore si elle n’est pas mêlée de quelques élémens moins choisis qui n’ont pas le droit d’en faire partie. J’admets, si l’on veut, que l’heure ne serait pas convenable pour faire entendre même de justes griefs. Un vœu pour que la protection divine s’étende sur la France fera un plus heureux contraste avec le concert des adulations banales qui sont offertes aux maîtres du jour, puis mis en réserve pour ceux du lendemain. A la rigueur même on peut trouver qu’il n’y a pas lieu de répliquer, quand le ministre, en évitant d’entendre et surtout de répéter ce nom de Dieu qui semble brûler ses lèvres, exhorte, d’un ton rogue, le prélat à observer les lois, en laissant clairement entendre que ces lois sont celles-là mêmes dont l’Eglise a le plus à se plaindre. Mais, plus la parole a été retenue, là où elle ne pourrait éveiller d’écho, plus, quand le cortège aura passé avec ses tambours, ses clairons et ses vivats de commande, le temps sera venu de faire entendre une voix plus libre et plus haute, afin de ne pas laisser les populations se prendre aux apparences et confondre la déférence due à l’étiquette avec l’oubli de l’indépendance épiscopale.
DUC DE BROGLIE.