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CUBA, L’ESPAGNE
ET LES ÉTATS-UNIS


I

Dans le Message qu’il adressait au Congrès, le 7 décembre dernier, et que les États-Unis, les insurgés cubains, l’Espagne et l’Europe entière attendaient impatiemment, le Président sortant de la grande république américaine, M. Cleveland, s’exprimait en ces termes, pesés et mesurés[1] : « L’île de Cuba est si près de nous qu’à peine est-elle séparée de notre territoire. Notre intérêt pécuniaire engagé dans l’île occupe le second rang, vient immédiatement après celui du gouvernement et du peuple espagnols[2]. En outre, les États-Unis se trouvent inévitablement impliqués dans la lutte, soit par les vexations, soit par les dommages matériels qu’ils ont à souffrir. »

Et le Président développait tout au long ces motifs. Il y a, aux États-Unis, des Cubains réfugiés qui intriguent, conspirent, s’agitent, excitent l’opinion publique contre l’Espagne. Il y a, à

  1. D’après le long résumé télégraphié à El Imparcial et reproduit par La Epoca du mercredi 9 décembre 1896.
  2. « On calcule, sur des bases certaines, que les capitalistes américains ont, pour le moins, de 30 à 50 millions de dollars employés en plantations, chemins de fer, exploitations minières et autres entreprises à Cuba. Le mouvement commercial entre . les États-Unis et Cuba qui, en 1889, représentait environ 74 millions de dollars, s’éleva, en 1893, à près de 163 millions, et en 1894, un an avant qu’éclatât l’insurrection actuelle, atteignait encore 96 millions de dollars. » — Message de M. Cleveland.