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1 200 tonnes de pétrole vaudraient mieux, aux divers points de vue du rendement, de l’encombrement, de la promptitude de la mise en soute. On éviterait surtout, n’ayant qu’à tourner des robinets pour alimenter les foyers, le rapide surmenage des chauffeurs et soutiers. Mais, quelques avantages militaires qu’on puisse en espérer, l’emploi exclusif du pétrole ne semble pas près d’être admis dans notre marine de guerre. Qui oserait fermer l’un des principaux débouchés du « charbon national » !

Nous n’aurions rien à changer de ce que nous disions plus haut des facultés tactiques et de la prédominance qu’il convient d’accorder enfin aux organismes offensifs, les armes, sur les organismes défensifs, ou du moins sur les plus lourds et les plus coûteux, les cuirassemens métalliques, si le moment n’était venu de rappeler que la Méditerranée est le champ d’expériences le plus favorable pour le « monitor de haute mer », où la protection contre l’artillerie de l’adversaire sera demandée avant tout à l’abaissement de la cible verticale, au grand bénéfice de la valeur militaire et du prix de revient de l’unité de combat. Il ne saurait être question de développer ici une conception déjà familière à beaucoup de marins et d’ingénieurs, déjà réalisée en partie, d’ailleurs, sur le Monterey et le Katahdin de la nouvelle marine américaine. En d’autres temps, nous ne nous serions laissé devancer par personne dans cette voie féconde ; nous aurions essayé de résoudre tous les problèmes, incontestablement délicats, que soulève cette idée ; — et nous les aurions résolus. Est-il donc vrai que, désormais réduits à imiter, nous devions nous résigner à être en retard d’un type, bien loin d’être en avance ?


V

Pour être sérieuse et durable, l’offensive doit s’appuyer, au début de la marche en avant, sur une base principale solide, et successivement, à mesure que l’armée navale progresse, sur des postes fortifiés, bases secondaires où se rassemblent les ressources les plus indispensables au ravitaillement des unités de combat. La prévoyante et tenace politique de l’Angleterre, servie par une diplomatie dont les menées sont toujours agressives quant au fond, sinon dans la forme, cette politique traditionnelle triomphe dans l’art de préparer dès le temps de paix les jalons des grandes lignes d’opérations naturelles des escadres. On peut cependant