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frapper que les navires débarquant des marchandises chez nous. Le droit ne devrait pas être perçu sur les navires venant de l’étranger avec un chargement incomplet et entrant dans nos ports pour y compléter leur chargement; or, c’est là une interprétation de la loi que l’administration des douanes n’a jamais voulu admettre.

On ajoute qu’avec la tendance actuelle à augmenter sans cesse le tonnage des navires de commerce, le mode actuellement usité de perception du droit de quai en fait une taxe exorbitante, et l’on s’explique que, pour ne pas le payer, les lignes régulières de paquebots renoncent à faire escale dans nos ports. Comme, d’autre part, nos propres lignes sont loin de desservir tous les pays où nous pouvons avoir à faire des expéditions (aucune ligne régulière française ne fait plus le service des côtes du Pacifique) nos commerçans, en nombre de cas, sont obligés d’envoyer leurs marchandises à Anvers ou à Rotterdam.

La commission du budget, s’inspirant de ces considérations, a décidé de remplacer la taxe actuelle par un droit d’un taux plus élevé, mais proportionnel au montant des marchandises débarquées. De la sorte, les navires venant de l’étranger ne seront plus détournés, par la crainte d’avoir à payer une taxe excessive, d’entrer dans nos ports pour y compléter leur chargement.

C’est là une heureuse innovation à laquelle souscriront certainement les deux Chambres et qui contribuera pour sa part à ramener un peu d’activité dans nos bassins maritimes.


On s’est ému en France en juin 1896 de la décision prise par une compagnie de navigation allemande d’établir une escale à Cherbourg, pour sa ligne de New-York.

Il faut remarquer que la ligne américaine, récemment créée, de Southampton aux États-Unis draine déjà une fraction des passagers et des marchandises de France, et qu’il y a aussi une escale hollandaise à Boulogne.

Ces faits et d’autres expliquent le peu de développement que prend le trafic de la Compagnie Transatlantique.

La situation est difficile, mais non désespérée. Il faut seulement que l’on se décide à effectuer au Havre, afin de le maintenir au rang de grand port d’embarquement pour les États-Unis, des travaux depuis longtemps reconnus urgens.

Les passagers demandent toujours plus de vitesse, exigence