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de l’ennemi, et il a imposé comme condition de la surprime une vitesse dépassant 17 nœuds, exigence évidemment inopportune lorsqu’il s’agit de bateaux de charge pour lesquels le service commercial, qui est leur destination propre, ne demande qu’une vitesse de 12 à 13 nœuds. Au lieu d’imposer aux bateaux de ce genre une vitesse impossible à atteindre, on eût mieux fait de leur imposer des conditions de dimensions de cales qui eussent permis d’y embarquer le matériel de guerre et de navigation nécessaire aux colonies. Il serait peut-être avantageux de remanier en ce sens la législation des primes.


Notre marine marchande est en décadence pour les mêmes causes générales qui font que nous nous laissons devancer sur le terrain commercial et industriel par la puissante Allemagne et même par des rivaux de plus mince envergure, tels que les Suisses, les Belges et les Hollandais.

Il convient aussi de tenir compte de quelques causes spéciales, dont quelques-unes d’un caractère tout contingent et passager, comme celle-ci qui peut servir d’exemple.

Nous avions contre nous, dans la Méditerranée, les surtaxes dont étaient frappés nos navires dans les ports italiens, et qui avaient d’ailleurs pour contre-partie les surtaxes analogues dont les navires italiens étaient frappés dans les ports français en vertu du décret du 27 juillet 1886.

Cette cause a récemment disparu, un décret du 21 octobre 1896 ayant mis fin à la mesure tracassière adoptée réciproquement par les deux nations. Depuis le 1er novembre 1896 les navires italiens dans les ports français et les navires français dans les ports d’Italie, acquitteront les mêmes droits de navigation (taxes de quai, de statistique, d’ancrage, etc.) que les navires nationaux, la navigation de cabotage toutefois continuant d’être réservée exclusivement au pavillon national.

Nos navires sont ainsi rentrés en possession de la faculté de faire escale dans les ports italiens et jouissent en outre de certains avantages stipulés dans la nouvelle loi italienne sur la marine marchande.

La situation très fâcheuse que nous avions dans la Méditerranée va donc pouvoir se modifier et le port de Marseille en profitera sûrement. Il en a besoin sans doute, car notre premier port de France, qui n’est plus que le huitième des grands centres commerciaux