Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/905

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couvre-t-il à peine les trois septièmes du total de marchandises et produits entrant dans nos ports.

Le tarif Mac Kinley aux États-Unis, l’application du régime protectionniste chez nous, ont encore contribué, avec d’autres facteurs généraux dont les marines étrangères ont eu à souffrir comme la nôtre, à faire tomber notre navigation de commerce dans l’état de langueur où on la voit s’étioler aujourd’hui, alors que des nations voisines nous offrent, en dépit d’entraves analogues, le spectacle d’un si énergique développement.

Le prix de revient de l’armement des navires de commerce est plus élevé en France qu’à l’étranger, fait brutal contre lequel le système des primes à la construction et à la navigation n’a pu parer qu’incomplètement. Il est peut-être fâcheux d’autre part que l’on ait exclu de toute participation aux avantages offerts les bâtimens construits à l’étranger et francisés. Les constructeurs français, ne redoutant plus la concurrence, ont imposé aux armateurs des prix plus élevés et des délais de livraison plus longs. Il est vrai que, de leur côté, ils étaient obligés de s’approvisionner de matériaux exclusivement en France, c’est-à-dire à des conditions rendues fort onéreuses par le tarif douanier.


Quels remèdes convient-il d’adopter pour relever notre industrie de construction navale et de navigation à son ancienne prospérité? On ne saurait méconnaître d’abord les services réels qu’a rendus la loi de 1881 ni ceux que rend la loi de 1893. La législation est bonne. Mais beaucoup la trouvent encore insuffisante. On demande par exemple l’élévation du taux de la prime allouée aux machines. Des congrès ont réclamé le rétablissement des surtaxes de pavillon. Que si l’on objecte le caractère suranné de ce régime et l’insuccès de la tentative faite en 1872 pour le rétablir, on répond que l’essai n’a été nullement concluant, ayant été abandonné tout de suite sous des préoccupations libre-échangistes, et que d’ailleurs nous avons adopté depuis 1892 un système économique qui n’a plus rien de libre-échangiste et avec lequel s’accommoderait l’expédient des surtaxes de pavillon ou autres Le malheur est que le débat engagé sur ce point est tout à fait oiseux, puisque des traités de commerce et de navigation nous interdisent de donner une protection spéciale directe aux importations sous pavillon français.

Un autre remède proposé est le rétablissement de la demi-prime,