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militaire, la position géographique, avec les caractères spéciaux des mers qui baignent le littoral, et les circonstances hydrographiques : tirant d’eau au plus égal à 8 mètres ; types distincts de grandes unités de combat pour l’Océan et pour la Méditerranée : bâtimens à plat-bord abaissé dans cette dernière mer, en attendant la solution générale réclamée tout à l’heure.


II

Examinons les facteurs à caractère variable, et d’abord la situation politique à l’intérieur et à l’extérieur.

Que la politique intérieure puisse influer sur les conditions d’existence d’une grande marine, c’est ce que les faits actuels, comme ceux qui se sont passés il y a quelque dix ans, nous dispensent de démontrer. Quand la lutte des partis a pour résultat de changer tous les six mois l’orientation donnée aux constructions navales, une paralysie à peu près complète atteint le service qui a pour objet de maintenir l’établissement maritime sur un pied convenable. On l’a dit souvent, aucun des grands organismes nationaux n’exige, plus que la marine, de stabilité, de suite dans les idées, de persévérance dans l’effort. L’histoire se charge de le prouver : nos flottes furent victorieuses, ou assez fortes pour intimider l’éternel adversaire, sous des pouvoirs solidement établis ; elles furent vaincues sous des gouvernemens affaiblis ou agités.

Ce n’est pas tout. Eprises de paix, ce dont il les faut louer, les démocraties modernes, quand elles pensent à la guerre, n’en admettent que le mode défensif. Et c’est avec une sincère, mais dangereuse conviction, qu’elles croient assurer l’intégrité de leurs frontières en constituant des organismes militaires qui répondent à cette exclusive préoccupation. D’ailleurs, bien plus puissant encore est leur instinct lorsqu’il se combine avec le souvenir d’événemens aussi terribles que ceux de 1870, souvenir qui suffirait à écarter toute velléité de politique agressive.

Malheureusement il faudrait distinguer entre la politique que l’on poursuit et la méthode de guerre que l’on adopterait, le cas échéant. Gardons-nous bien de croire que la passivité de l’une soit la conséquence obligée de la réserve de l’autre. Celui qui se borne à se défendre court des risques sans en faire courir à son adversaire, et c’est le cas de dire, en modifiant un mot célèbre