profonds filets de clarté, comme la calcédoine dans l’agate-mousse et étoilée çà et là de la blanche grenouillette, juste dans l’afflux et le murmure des premiers courans qui s’étalent, les misérables humains de l’endroit jettent les immondices de la maison et de la rue, des tas de poussière et de boue, des rognures de vieux métal et des chiffons putrides que, n’ayant ni l’énergie d’enlever ni la décence d’enterrer, ils versent ainsi dans le courant pour délayer ce qui flotte ou ce qui fond de leur poison au loin dans tous les endroits où Dieu voulut que ces eaux apportassent la joie et la santé... Une demi-douzaine d’hommes, travaillant pendant un jour, suffiraient à nettoyer ces étangs, à déblayer le fleuve sur leurs rives et à enrichir d’un baume rafraîchissant chaque souffle d’air estival qui passe au-dessus, à rendre ainsi chaque ondulation scintillante et hygiénique, comme si ce courant troublé seulement par les pieds des anges, venait tout droit de la porte de Bethséda... Mais cette journée de travail n’est jamais ni ne sera jamais accordée, ni aucune joie possible au cœur de l’homme maintenant dans les parages de ces sources anglaises... »
Ensuite, il est entré dans le village voisin, et en a suivi la principale rue en se demandant si c’était la pauvreté qui était cause de cette incurie néfaste des choses naturelles. Mais non... Il a trouvé au contraire partout des signes de luxe : de magnifiques devantures, de somptueux estaminets, des boutiques nouvelles, non pas plus de bonheur, ni plus de santé, sur les visages, mais plus de prétention et d’apparat dans les dehors et partout de superbes et inutiles grilles de fer. « Comment est-il donc arrivé que ce travail a été fait au lieu de l’autre? Comment la force de la vie de l’ouvrier anglais a-t-elle été dépensée à souiller le sol au lieu de le racheter, et à produire une pièce de métal tout à fait inutile en cet endroit, qui ne peut être ni mangée ni respirée à la place de l’air sain et de l’eau pure? Il n’y a qu’une raison pour cela et elle est décisive : c’est que le capitaliste peut percevoir un tant pour cent sur le travail dans un cas et qu’il ne peut en percevoir aucun dans l’autre. »
A cela si les économistes daignaient répondre, ils ne manqueraient point de dire que le régime capitaliste actuel, pour décrié qu’il soit par les rêveurs, n’en est pas moins le meilleur qu’on ait découvert jusqu’ici. Ils avoueraient qu’en développant le progrès industriel, les principes de l’école de Manchester n’ont