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à peu succéder aux mécanismes actuels des ascenseurs qui économisent les quatre cinquièmes de la dépense. Ils sont mus par l’électricité, soit directement, à l’aide d’un treuil, soit au moyen de la pression artificielle communiquée à un petit volume d’eau, toujours le même, qui sort de sa boîte et y rentre après chaque voyage.

L’énergie électrique, que l’on asservit déjà à tant de besognes, se rencontre jusqu’en ces retraits intimes qu’une visite consciencieuse du logis ne nous permet pas de laisser à l’écart. Un novateur persuadé que, si l’apparat n’est point de mise en ce « privé », comme on l’appelait naguère, la recherche du confort y est louable, a imaginé de chauffer électriquement le siège mobile en bois, qui s’abat sur la cuvette des appareils du dernier type. La communication s’établit par le seul fait que l’intéressé s’assoit, elle cesse quand il se lève, après lai avoir évité l’impression désagréable d’un contact réfrigérant.

Au reste nous n’en sommes pas encore, sur le chapitre des water-closets, aux prétentions d’un sybaritisme exagéré, puisque des discussions passionnées continuent au sujet de la question fondamentale de l’hygiène. Partout où les hommes vivent réunis en grand nombre il se développe parmi eux des causes d’insalubrité. Leurs demeures rapprochées empêchent la circulation de l’air et la disparition des miasmes ; leurs rebuts quotidiens souillent la terre et les eaux du voisinage ; leurs dépouilles mortelles accumulées dans des espaces resserrés, deviennent un danger pour les vivans. Pour balayer en peu de temps les immondices provenant de la vie domestique, débris jonchant le sol et déjections animales, il faut une profusion d’eau; il faut aussi se défaire de ces flots de liquide chargés de malpropretés.

L’ancien Paris échappait à cette double préoccupation; il ne canalisait ni eau pure ni eau sale. Le bourgeois avait un puits dans sa cour, le peuple allait au carrefour le plus proche remplir ses seaux dans des puits à margelle historiée, à ferrure dorée parfois, dotés du maximum d’élégance qu’il soit donné à un puits d’atteindre, mais rares, et devant lesquels on devait attendre son tour. Quant à la vidange, elle s’effectuait partout de la façon la plus simple, suivant les coutumes locales : tantôt permis à chacun « de vider les vases de nuit par la fenêtre, mais seulement après dix heures du soir » ; tantôt aucune limite d’heure ne paraît imposée pour cette opération; on est seulement tenu, avant d’y