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cercueil, soulève pour moi un drap mortuaire et me montre la momie toute réduite et consumée, son visage couvert et ses mains gantées. À partir de « saint Pimène le maladif qui demandait à Dieu la continuation de ses maux », une vieille qui porte pieusement trois cierges allumés commence à sangloter ; elle redouble à chaque halte, et pas même la source guérissante où nous mouillons nos yeux n’arrête le flot de ses larmes.

« Arsène le laborieux qui ne mangeait jamais avant le coucher du soleil. »

« Le vénérable Veniamine, riche marchand qui donna tout son bien aux églises et aux pauvres. »

Ici je m’incline ; puis, non pas d’un seul doigt comme un Polonais, non pas avec deux doigts selon l’usage coupable des raskolniks, mais joignant ensemble le pouce, l’index et le médius en l’honneur de la sainte Trinité, du front à la poitrine, de l’épaule droite à l’épaule gauche, je fais le signe de la croix.


III


Le Mardi Saint.

Toute la semaine sainte n’étant qu’une préparation symbolique à la mort du Christ, les offices des trois premières matinées se distinguent par la longueur ; c’est pour rappeler ces suprêmes journées que le Sauveur passa dans le temple et qu’il consacra à instruire le peuple. Les lectures de l’Evangile résument sa vie entière, cependant que la Passion prochaine est annoncée par le cantique : « Voici venir le Fiancé. » Ménageons pourtant nos capacités religieuses, et, sans entrer dans cette église de Saint-André, rêvons en pharisien du haut de la terrasse qui fait un promenoir tout autour d’elle.

L’église pâle plaît de loin par la sveltesse de ses coupoles d’argent ; détachées du dôme central, chacune d’elles s’effile sur un fût cannelé, et l’ensemble a quelque chose de mesuré, d’élégant, d’occidental. Mais, de près, on sent l’artifice et le manque de sincérité ; colonnes et entre-colonnes, chapiteaux dorés, œils-de-bœuf aux encadremens rococo, frontons circulaires, motifs serpentins, ces élégances de surface contrastent désagréablement avec l’humble appareil de briques visible sous le stuc détérioré. Puis cette cendre des idoles sur laquelle le monument repose, l’immédiat voisinage de Sainte-Sophie ; tous les