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l’armée du monde qui se passe le mieux de ces superfluités que nos armées révolutionnaires ne jugeaient pas non plus indispensables. En dépit de ce détail, la rapidité, l’exactitude, la précision de la mobilisation turque, a étonné tout le monde en Orient. L’armée ottomane est là, dans l’attente ; elle comprenait au début 80 000 hommes ; elle grossit tous les jours ; elle est depuis longtemps plus que suffisante pour écraser les Grecs, si ceux-ci avaient la folie de l’attaquer. Il lui suffirait d’un signe pour prendre elle-même l’offensive. Et les dépêches annoncent que le prince héritier de Grèce est parti pour la frontière ! Des deux côtés d’une étroite rivière, les matériaux inflammables s’accumulent. Pendant ce temps, l’action de l’Europe se montre peu efficace en Crète. Pendant ce temps, des massacres nouveaux ont lieu en Arménie. Aucune question n’est résolue ; toutes semblent se rappeler à la fois à l’attention. Voilà pourquoi nous avons plus que jamais besoin du concert de l’Europe, et nous en restons partisans fidèles. Il n’y a pas d’autre instrument de salut. Mais, tout en louant l’attitude édifiante de notre gouvernement, nous voudrions bien qu’elle fût imitée par tout le monde. Alors seulement, on pourra parler de concert, d’entente, ou, comme dit lord Salisbury, de fédération européenne, mots qui ne s’appliquent qu’imparfaitement à la situation que nous venons d’analyser.


La place nous manque pour rendre compte des élections italiennes et autrichiennes avec tous les développemens qu’elles méritent. Peu d’événemens en somme sont aussi dignes d’intérêt, et peuvent avoir plus d’influence sur l’avenir.

En Italie surtout, les résultats étaient prévus : on savait que la majorité crispinienne devait disparaître avec les circonstances et avec l’homme qui l’avait créée. À vrai dire, elle avait déjà disparu avant les élections. C’est M. Crispi qui avait fait l’ancienne Chambre à son image, et c’est l’ancienne Chambre qui a renversé M. Crispi, — ce qui prouve une fois de plus combien est instable et fragile une majorité qui ne repose sur aucun principe et qui, sortie d’une pression électorale presque sans exemple, n’a aucune racine profonde dans le pays. Elle n’est fidèle qu’à la fortune. Si M. Crispi avait été heureux dans les affaires d’Afrique, sa majorité lui aurait montré un enthousiasme sans bornes ; mais il a été malheureux, et les députés qu’il avait fait élire l’ont aussitôt abandonné à qui mieux mieux. Il ne restait qu’à faire consacrer cet abandon par les électeurs. La Chambre d’hier était un instrument de gouvernement discrédité, peu sûr, favorable à toutes