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de la France avait amené entre elle et la Grèce une intimité plus étroite, qui nous avait permis de lui faire entendre des conseils mieux écoutés, conseils de désarmement qu’elle s’était engagée à suivre, lorsque l’Europe impatiente, et peut-être mécontente du succès de notre intervention, lui a adressé un ultimatum immédiatement suivi du blocus. Il est clair que nous ne pouvions participer à ce blocus, puisque nous avions en main la promesse de soumission de la Grèce, et qu’il avait en quelque sorte pour objet d’enfoncer une porte qui nous avait été ouverte. D’ailleurs, s’il y a des ressemblances entre la situation actuelle et celle de 1886, il y a aussi des différences qui ne permettent pas de raisonner de l’une à l’autre par une assimilation absolue. En 1886, aucun danger sérieux de complications européennes n’existait, et les esprits étaient très éloignés de l’anxiété qu’ils éprouvent actuellement. Nous avons pu alors, sans le moindre inconvénient, prendre l’attitude que nous avons prise, et nous pouvons aujourd’hui, tout en adoptant une attitude différente, obéir aux mêmes sentimens qui nous animaient autrefois. M. Hanotaux aurait peut-être mieux fait de ne pas attaquer et condamner devant la Chambre la politique de 1886, puisque, devant le Sénat, se trouvant en présence de M. de Freycinet, il a reconnu qu’elle se défendait par de bons argumens : il est vrai que ces argumens avaient été présentés par M. de Freycinet lui-même avec un talent merveilleux.

Au surplus, tout en adoptant le plan de conduite dont nous avons rappelé les lignes principales, il convient toujours de nous assurer, à mesure que nous l’exécutons, que les autres puissances s’y conforment comme nous. Son mérite en effet, son seul mérite, est dans l’unanimité des résolutions dont il est le résultat et dans la simultanéité des efforts dont il doit être le principe. Il ne vaut que comme manifestation de l’entente européenne. Il ne sera efficace qu’à la condition de la manifester jusqu’au bout. Pourquoi ne pas avouer que quelques incertitudes se sont, en ce qui concerne la réalité de cette entente, glissées dans les esprits? Aucun autre gouvernement n’a pu mettre en doute notre loyauté parfaite, sans réserves ni réticences. Elle a été poussée si loin que nous n’avons jamais attendu de voir ce que faisaient les autres avant de faire nous-mêmes ce qui avait été convenu, et nous aurions vraiment eu l’air de les conduire s’ils nous avaient toujours suivis. La volonté du gouvernement anglais n’a pas laissé, au contraire, de paraître un peu flottante, chose d’autant plus extraordinaire que c’est, nous l’avons dit, son propre programme d’action qui a été adopté par tout le monde, et plus particulièrement par nous. Pour le