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CE QUE PENSENT
LES PROFESSEURS ALLEMANDS
DE L’ADMISSION DES FEMMES DANS LES UNIVERSITÉS


L’Allemagne a été jusqu’aujourd’hui de tous les pays de l’Europe le plus réfractaire à certaines revendications des femmes, le moins disposé à contenter leur désir d’être admises dans les universités sur le même pied que les hommes. Nous avons la réputation d’être fort routiniers, cependant notre faculté des lettres leur a depuis longtemps donné l’hospitalité et les a autorisées à passer leurs examens de licence et d’agrégation. La faculté de droit suivit bientôt cet exemple ; une Roumaine, Mlle Belsesco, une Française, Mlle Chauvin, furent reçues doctoresses. Dès 1888, malgré l’opposition des étudians et des professeurs, les étudiantes en médecine avaient obtenu la permission de faire leur internat dans les hôpitaux de Paris. On en use de même presque partout. En Suède, en Norvège, en Danemark, en Belgique, en Suisse, en Russie, en Italie comme aux États-Unis, libre aux femmes d’exercer la médecine.

La plupart des universités allemandes leur ont jusqu’ici refusé leur porte, ou ne leur ont ouvert que le guichet, en leur signifiant que ce n’était pas un droit qu’on leur conférait, qu’elles n’étaient reçues que par pure tolérance. Une femme ne peut suivre les cours de l’université de Berlin qu’à la condition de faire agréer ses motifs par le ministre de l’instruction publique et par le professeur enseignant, et cette grâce est octroyée de préférence aux étrangères ; au surplus, elles