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tant se hâter d’abolir l’esclavage. Il avait été institué à cause de l’impossibilité de faire travailler les nègres autrement. Comme il n’y a rien de changé à cet égard, l’abolition de l’esclavage a été prématurée et trop soudaine...

« Il faut s’ôter de la tête, une fois pour toutes, que le nègre puisse se résigner au travail s’il n’y est pas contraint. Les lois éternelles de la nature, auxquelles est soumise la création tout entière, régissent aussi l’expansion des races sur le globe. Quand, dans leurs vastes déplacemens, deux souches de peuples, inégales par leur vigueur intellectuelle ou physique, sont venues à s’entre-heurter, c’est toujours la plus faible, la plus dégradée qui a dû céder, et c’est ainsi seulement que l’espèce humaine a pu atteindre un degré supérieur de développement.

« Si la race noire marche vers sa disparition, ce n’est pas à cause de la chasse aux esclaves ou des persécutions des blancs, c’est parce qu’elle ne comprend pas les lois toutes-puissantes de la nature et ne veut pas s’y conformer. En résistant à la civilisation, qui seule pourrait la sauver, elle rend sa destinée inéluctable. Nous pouvons le regretter; nous n’y pouvons rien changer. Nous devrions nous dire, au contraire, que des populations aussi improductives que les peuplades noires n’ont aucun droit à l’existence.

« La logique des faits exige que 100 millions de nègres n’accaparent pas un territoire où 800 millions d’hommes civilisés et laborieux pourraient largement trouver à vivre.

« C’est en vain qu’une philanthropie bien intentionnée, mais irréfléchie, essaierait de plaider, au nom de l’humanité, les droits de la race noire.

« Après de longs retards, les blancs ont enfin réussi à apporter au continent noir leur activité, leur science, leur persévérance, leur énergie, et à s’en rendre maîtres. Ils ont bâti des villes, creusé des ports, peuplé de navires les lacs et les fleuves; de tous côtés, ils ont cherché des métaux; ils ont construit des routes, tracé des chemins de fer et des lignes télégraphiques, et le jour viendra où leur hardiesse et leur énergie arriveront à établir de part en part, à travers tout le continent, une route commerciale qui réunira l’Atlantique à l’Océan Indien. Ce jour, qui sera un grand jour dans l’histoire du monde, sonnera le glas de la race noire. »

Un autre Allemand, M. Gustave Fritsch, est moins affirmatif