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ne disait pas davantage pourquoi, — dénoncée au Saint-Office qui s’était, paraît-il, déclaré incompétent, — la conduite des ecclésiastiques prussiens ayant accepté un traitement avait été déférée à la congrégation du Concile spécialement chargée de l’examen des affaires touchant à la foi, au lieu d’être soumise à la congrégation des Affaires extraordinaires qui aurait eu, plus que toute autre, qualité pour en connaître.

L’authenticité des documens revêtus de la signature du cardinal Caterini ne pouvait d’ailleurs faire l’objet d’aucun doute.


D’après la loi prussienne du 22 avril 1875, y était-il dit, les revenus ecclésiastiques ne doivent être payés par le gouvernement à aucun prêtre qui n’ait adhéré et ne se soit soumis aux lois condamnées par l’Église. Il est évident que, déjà, le fait de toucher un traitement constitue contre un prêtre une forte présomption qu’il a adhéré et s’est soumis. Or, il est notoire que vous recevez un traitement du gouvernement, et que par votre soumission, vous donnez un sujet public de chagrin aux fidèles. En outre, il a été annoncé à la sacrée congrégation du Concile que vous vous êtes refusé jusqu’à présent à rentrer dans la droite voie. Par ordre de Leurs Éminences les cardinaux de cette même congrégation, vous êtes formellement, péremptoirement sommé, dans l’espace de quarante jours après la réception de cette lettre, et sous peine de la suspension se produisant ipso facto, de déclarer publiquement et solennellement que vous n’adhérez ni ne vous soumettez aucunement aux lois hostiles à l’Eglise et que vous ne comptez plus recevoir ledit traitement. Il est à espérer qu’en pensant à votre réputation vous tiendrez compte de cet ordre. Vous aurez à donner en temps utile connaissance de vos résolutions à cette congrégation.


Expédié de Rome sous la forme de pli chargé, ce document mémorable avait été envoyé aux destinataires, d’après une liste dressée en Allemagne et transmise au Saint-Office.

Quelques années plus tôt, un blâme aussi absolu, atteignant les prêtres que, dans les cercles gouvernementaux à Berlin, on qualifiait d’amis de la paix, eût amené une manifestation violente de déplaisir du prince de Bismarck. Cette fois, les choses se passèrent sans éclat ; le nonce de Munich fut simplement avisé par le grand écuyer de la cour de Bavière que le chancelier de l’empire se sentait très découragé dans ses tentatives de réconciliation, non seulement par les Monita de la congrégation du Concile, mais encore et surtout par la réplique du Pape à la lettre de l’Empereur du 24 mars, Léon XIII y ayant maintenu toutes les prétentions hiérarchiques que la curie entendait faire prévaloir vis-à-vis de l’Etat, et demandé de nouveau