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semblable manière de procéder était analogue à celle que le prince de Bismarck venait de recommander pour le règlement des affaires orientales et qui consistait à prendre pour point de départ des négociations, non pas le traité conclu entre la Russie et la Turquie à San Stefano, mais les traités de 1856 et de 1871, auxquels on apporta en effet, deux mois plus tard, les changemens devenus inévitables à la suite des victoires des armées russes sur les Turcs. Mgr Aloysi ajoutait que, si le Chancelier admettait cette argumentation, la bulle de Pie VII De salute animarum fournirait pour l’examen des affaires intéressant l’Eglise catholique en Prusse une base aussi solide que l’était le traité de 1856 pour la discussion des affaires d’Orient. Du reste, et pour se conformer à la recommandation du comte Holnstein de ne mêler à ces débats aucun membre du Centre, le représentant du Saint-Siège donnait l’assurance formelle qu’en aucun cas les personnages politiques engagés dans le conflit ne seraient autorisés à participer aux négociations dans lesquelles le Vatican protestait de sa ferme volonté de ne se départir en rien de son respect pour les légitimes prérogatives de la suprême autorité civile.

Sur ces entrefaites, l’empereur Guillaume Ier faillit ê're victime de l’attentat dirigé contre sa personne par Hœdel, et Léon XIII s’empressa de le féliciter d’y avoir échappé. Cette démarche du Pape réveilla les idées conciliantes qu’était venue sérieusement affaiblir peu de jours auparavant la publication à Rome d’une note du cardinal Caterini, préfet du Concile, invitant quelques ecclésiastiques prussiens à ne pas recevoir de traitement de l’Etat. Le nonce de Munich, que cet acte assez inopportun, il faut le reconnaître, avait fort dérouté, reçut du cardinal Franchi, secrétaire d’État, des explications d’où il résultait qu’il ne s’agissait en l’espèce que d’une mesure isolée, toute de discipline, et n’engageant que la responsabilité particulière de la congrégation du Concile. Toutefois, cet incident restait enveloppé d’une certaine obscurité et la presse allemande se demandait à quelle intention il avait été provoqué. Le cardinal Franchi établissait bien que les faits sur lesquels le cardinal Caterini s’était prononcé, signalés d’abord au Saint-Office, avaient été ensuite déférés à la congrégation du Concile. Mais il n’expliquait pas pourquoi la question avait été posée juste à l’heure où le Saint-Siège s’efforçait, dans ses pourparlers avec le cabinet de Berlin, de rechercher les moyens de passer sous silence les lois de mai. Le secrétaire d’Etat