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Au début, chacun fut d’accord, aussi bien les fonctionnaires qui représentaient le tiers-état des villes que les délégués de l’aristocratie, pour demander que l’on précisât les pouvoirs de l’assemblée. L’esprit de corps unissait tous les députés dans cette revendication commune. Cette assemblée, dont la compétence n’était pas déterminée, qui n’avait apparemment à délibérer que sur le règlement des dettes provinciales, et que l’on avait cependant baptisée du titre de représentation nationale provisoire, allait devenir ridicule. N’aurait-elle ni le droit de consentir l’impôt, ni même celui de délibérer sur les lois? Si l’on ne voulait point préciser ses attributions, ce serait, disaient les députés lithuaniens et le comte de Dohna-Wundlacken, une simple machine à passer le temps, et ils proposaient d’ajourner toute délibération jusqu’à ce qu’on eût fixé les pouvoirs de l’assemblée. Les représentans de la noblesse silésienne avaient demandé à se tenir en contact avec leurs commettans. La noblesse de la Prusse orientale avait réclamé le droit de rappeler ses délégués à son gré. Les représentans des villes allaient plus loin. Nous avons été choisis, disait l’un d’eux, d’après les formes que le gouvernement a déterminées, pour élaborer un projet de constitution qui donne sécurité à la fois au monarque et au peuple et qui écarte toute cause de conflit entre les citoyens.

On peut trouver, dans ces revendications, quelque image affaiblie, bien affaiblie, de l’Assemblée constituante et du serment du Jeu de paume. Mais si l’on peut rencontrer dans ce langage quelques traces de l’esprit révolutionnaire, il n’était appelé à avoir en Prusse aucune portée, ni aucun écho. Le seul écho du moins, c’étaient les réponses négatives et parfois brutales du chancelier.

Tantôt il refusait de faire connaître à l’assemblée l’ensemble de la situation financière, tantôt il lui rappelait qu’elle était une simple assemblée consultative, et, pour la ramener à des visées plus modestes, il rendait l’édit de gendarmerie et l’édit de 1812 concernant l’impôt sur le revenu sans même prendre la peine de les lui faire connaître; tantôt, lorsque la représentation nationale voulait se saisir, au milieu même des difficultés de l’année 1812, de la question du recrutement, il réprimait ces velléités intempestives sur un ton et avec des allures d’une raideur blessante.

On rencontre donc, dès la première apparition du régime représentatif en Prusse, cette conception particulière à l’Allemagne, ce conflit permanent par lequel le gouvernement monarchique a