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l’infaillibilité. Le représentant officiel du cabinet de Berlin ea Bavière se maintenait donc sur le terrain où s’étaient placés en 1871 M. Lutz, M. Döllinger, et les coryphées du vieux-catholicisme pour commencer la guerre contre la Papauté.

Tout autre était le langage tenu à Mgr Aloysi par le comte Holnstein à son retour de Berlin, à la fin d’avril. Ses ouvertures au prince de Bismarck concernant la situation respective du Saint-Siège et de l’empire avaient reçu, selon lui, le meilleur accueil, le Chancelier étant très préoccupé de concilier avec sa sollicitude pour l’autorité de l’Etat son désir de rétablir de bons rapports avec le Vatican. Il regrettait les lois de Mai ; à la vérité, il croyait impossible de les abroger, mais rien n’empêchait d’en annuler les effets. Du reste, ajoutait-il, la lettre de l’Empereur avait dû fournir à Sa Sainteté un éclatant témoignage de ces dispositions. Le nonce ayant fait observer que cette lettre avait au contraire causé au Pape une impression pénible, puisqu’il n’y était fait mention que de la nécessité de recommander aux ministres de la religion catholique l’obéissance aux lois faisant précisément l’objet du litige, le comte Holnstein reprit que la question avait dû être posée ainsi pro forma, mais qu’il pouvait garantir que l’Empereur désirait vivement que le bon accord se rétablît. Comme Mgr Aloysi se contentait de prendre acte de cette assurance amicale, le comte Holnstein avait continué sur un ton très pressant : « Mais il faut se hâter, ne pas perdre de temps, entrer de suite en pourparlers. En un quart d’heure, si on le veut bien, les arrangemens nécessaires pourraient être pris. Si vous alliez à Berlin, soyez assuré que vous y seriez le bienvenu. »

Sans se départir de la réserve la plus affable, mais la plus complète, le nonce fit remarquer à son interlocuteur que ces négociations, qu’il n’était pas encore d’ailleurs autorisé à entamer, devaient porter sur des points très importans : parmi les lois de mai, il y en avait sans doute qu’à Rome on consentirait à ignorer ; mais d’autres ne sauraient échapper aux censures dont elles avaient été frappées. Le grand écuyer, revenant à la charge, soutenait que l’essentiel était d’apporter de part et d’autre le désir de s’entendre ; que, même sur la question des évêques déposés, le prince de Bismarck était tout prêt à faciliter un arrangement ; et, comme le nonce répétait que cette question des évêques, si douloureuse qu’elle fût, n’était pas la plus difficile à résoudre, le comte Holnstein laissa encore une fois entendre qu’elle serait