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J’emprunte volontiers aux paroles amicales que vous m’avez adressées l’espoir que vous serez disposé, avec l’influence puissante que la constitution de Votre Église accorde à Votre Sainteté sur tous les serviteurs de cette Église, à agir en sorte que ceux de ces serviteurs qui l’ont négligé jusqu’ici, suivant dorénavant l’exemple de la population dont l’éducation spirituelle leur est confiée, obéissent aux lois du pays qu’ils habitent. La lettre était contresignée par le chancelier de l’Empire.


Pour l’intelligence des négociations peu connues qui ont suivi cet échange de lettres, il est nécessaire de remonter jusqu’aux environs de 1874.


I

Dès cette époque, en effet, c’est-à-dire avant la fin de la troisième année où s’était engagée contre Rome la campagne bien connue sous le nom de Culturkampf, les observateurs attentifs commençaient à prévoir que les résultats en seraient douteux ; et l’on constatait que le prince de Bismarck déployait moins de zèle pour soutenir l’idée d’une église nationale allemande. Il s’était flatté, au lendemain des victoires de 4870-1871, de consolider l’unité du nouvel empire, en supprimant, avec l’appui du parti national-libéral, toute divergence ou toute opposition entre protestans et catholiques. Comme il était d’ailleurs à prévoir que Rome se refuserait à une telle abdication, les nationaux-libéraux s’étaient appliqués à battre en brèche l’autorité du pape, et, pour y réussir, ils n’avaient pas trouvé de meilleur moyen que de rappeler les résistances qui s’étaient élevées naguère, au concile du Vatican, contre la proclamation de l’infaillibilité pontificale.

La Bavière avait été le principal foyer de ces résistances. Elles s’y étaient manifestées avec d’autant plus d’éclat qu’elles avaient eu pour interprète un membre du clergé catholique justement renommé pour sa science, de même que pour l’irréprochable intégrité de sa vie : le chanoine Döllinger, doyen du chapitre royal de Saint-Cajetan. Ce fut donc à Munich que s’ouvrit contre la suprême autorité du Pape, au mois de mars 1871, la campagne dont, une année auparavant, en sa qualité de président du conseil des ministres du roi de Bavière, le prince de Hohenlohe avait tracé en quelque sorte les préliminaires, en essayant de provoquer une action collective des puissances, afin d’empêcher la définition de l’infaillibilité.