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3 et demi pour 100 complète la liste des fonds sud-américains qui se négocient au parquet des agens de change.

Les rentes australiennes ne jouent pas de rôle chez nous : elles appartiennent au groupe de fonds coloniaux anglais qui a son domaine naturel à Londres. Parmi ceux-ci, il en est un cependant qui a reçu les honneurs de notre cote officielle, où nous voyons figurer les obligations 4 et demi pour 100 du Cap de Bonne-Espérance.

Passons maintenant à l’Asie, que nous avons déjà mentionnée en parlant de l’Inde et qui ne nous occupe pas encore autant au point de vue français qu’elle le fera sans doute au cours du vingtième siècle. Parmi les emprunts chinois, un seul est à notre cote, le 4 pour 100 garanti par la Russie. On se rappelle qu’à la suite de la guerre sino-japonaise de 1895, le traité de paix de Simonosaki assura, entre autres avantages à cette dernière puissance, une indemnité de guerre, jusqu’à parfait paiement de laquelle les Japonais vainqueurs continueraient d’occuper le territoire ennemi. Afin de faciliter l’opération et de hâter l’évacuation, la Russie donna sa garantie à l’emprunt contracté par la Chine en vue de s’acquitter : de là l’emprunt de 400 millions de francs or 4 pour 100, qui a été presque entièrement souscrit en France. Nos compatriotes, les Lyonnais en particulier, que leurs affaires de soie mettent en rapports suivis avec l’extrême Orient, ont une certaine quantité des nombreux emprunts chinois émis sur la place de Londres et qui sont payables les uns en or, les autres en argent. Récemment nous avons pris part à la fondation de la Banque sino-russe, appelée à jouer un grand rôle dans le développement de la Chine et qui vient déjà d’obtenir la concession d’un important chemin de fer. Nos intérêts, qui dépassent déjà un demi-milliard de francs en Chine, y deviendront vraisemblablement de plus en plus considérables. Pendant que les Russes l’abordent par le nord et l’est, nous la touchons par le sud. Nos chemins de fer tonkinois vont un jour ou l’autre pénétrer dans l’Empire du Milieu.

Ceci nous amène à parler des capitaux que nous avons dans nos propres colonies et protectorat de l’Indo-Chine. L’emprunt de l’Annam et du Tonkin a inauguré chez nous le taux de 2 et demi pour 100, alors que nos rentes sont encore à 3 et 3 et demi : il est vrai qu’il n’est pas encore au pair et qu’il doit sa cote élevée à la garantie de la France. Les obligations tunisiennes 3 pour 100, également garanties par nous, sont presque au niveau de nos