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par la France. Cette valeur elle-même n’est qu’une fraction, un résidu en quelque sorte, des sommes beaucoup plus considérables dépensées à l’achat de ces titres ou de ceux qu’ils ont remplacés. Mais ce chiffre doit être porté à près d’un milliard et demi si nous faisons entrer en ligne de compte la très forte part du capital de la Banque ottomane qui est possédée en France, les entreprises industrielles telles que les eaux de Constantinople, les mines de borax, les entreprises de routes, de quais, de phares qui appartiennent à nos compatriotes.

Avant d’aller plus loin, nous sortirons d’Europe pour parler d’un pays, d’ailleurs plus européen qu’africain, tant les liens de tout genre qui le rattachent à notre continent sont nombreux et puissans. Nous ne faisons pas allusion à la frêle suzeraineté du padischah sur l’Egypte, mais bien plutôt au joug anglais qui pèse sur le pays et à l’intérêt puissant que depuis un siècle la France porte à l’Egypte. Il est inutile de rappeler ici ce que nous avons fait sur les bords du Nil. Bonaparte y jeta l’éblouissement de ses victoires et l’ouvrit à nos savans ; Lesseps en fit l’escale du commerce du monde par le canal de Suez ; nos compatriotes ont pris une part considérable au développement, puis à la régularisation de ses finances. Aujourd’hui encore, malgré l’occupation militaire anglaise, c’est une commission internationale qui administre la dette publique. Celle-ci comprend : le 4 pour 100 unifié, le 3 l/2 privilégié des chemins de fer, les domaniales 4 1/4, la Daïra-Sanieh 4 pour 100 et enfin le 3 pour 100 1885 garanti conjointement et solidairement par les grandes puissances européennes : Allemagne, Angleterre, Autriche, Italie, France et Russie.

Le capital nominal de ces cinq rentes s’élève à environ deux milliards huit cent millions de francs ; on estime que la part de la France y est d’environ 1 700 000 000. Il faut tenir compte aussi de certaines entreprises particulières, telles que le Crédit foncier égyptien, des banques, les sucreries et raffineries d’Egypte, constituées presque uniquement avec des capitaux français.

L’ordre géographique nous amène à la Grèce, dont les finances nous donneraient de légitimes sujets de mécontentement, si notre nation chevaleresque n’était toujours prête à oublier ses intérêts pour prendre en main la cause des faibles ou des opprimés. Les fonds helléniques 5 et 4 pour 100 qui figurent à notre cote ont déjà subi d’énormes réductions d’intérêt depuis leur