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ottoman, nous envisagerons seulement la période la plus récente, celle qui date de 1881, du célèbre iradé de mouharrem. Il fut alors procédé à une refonte générale de la dette ; les anciens titres disparurent, à l’exception des obligations de chemins de fer connues vulgairement sous le nom de lots turcs, et furent remplacés par un type unique, divisé en quatre séries A, B, C et D. Les quatre catégories sont identiques en ce qui concerne le taux d’intérêt, qui peut varier en raison des recettes sans jamais dépasser 4 pour 100. Au-delà d’un certain chiffre, une partie des recettes est consacrée à l’amortissement, par rachat sur le marché ou par tirages au sort au taux maximum de 66 pour 100. Un certain nombre de revenus ont été abandonnés par la Porte pour servir exclusivement au service ainsi organisé de la dette ; ils sont administrés par un conseil composé de délégués de toutes les grandes puissances européennes, à l’exception de la Russie. Cette dernière a considéré que, ses sujets n’ayant pas d’intérêt dans les fonds turcs, elle n’avait pas lieu de se faire représenter ; peut-être aussi a-t-elle jugé que sa qualité de créancière de la Porte pour le reliquat de plusieurs centaines de millions qui lui est dû sur l’indemnité de guerre stipulée par le traité de San-Stéfano, lui crée une position particulière. Ce conseil a fonctionné depuis quinze ans à l’entière satisfaction de ceux qu’il avait mission de protéger ; il a augmenté les revenus dont il avait la gestion ; il les a défendus contre tout prélèvement illégitime : au milieu même des troubles dont la Turquie est le théâtre depuis deux ans, les encaissemens ont été suffisans pour continuer à servir aux quatre séries de la dette l’intérêt de 1 pour 100, taux en vigueur depuis le début du nouveau régime.

Le capital nominal de l’ensemble de la dette est de deux milliards et demi, qui ne représentent guère que 600 000 000 au cours du jour. En y ajoutant les lots turcs, les obligations de chemin de fer Beyrouth-Damas-Hauran, Salonique-Constantinople, Smyrne-Kassaba, les actions des tabacs, puis les titres d’Etat émis à diverses reprises dans les dernières années, obligations consolidées 4 pour 100 1890, obligations 4 pour 100 priorité, douanes 5 pour 100, tribut d’Egypte 4 pour 100 de 1891, priorités tombac 4 pour 100 1893, 3 et demi pour 100 1891 garanti par le tribut d’Egypte, ottoman 4 pour 100 1894, ottoman 5 pour 100 1896, on arrive à un chiffre minimum d’un milliard de francs effectifs -comme étant celui de la valeur actuelle des fonds turcs possédés