Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande. L’intérêt de la dette a été réduit de plus de moitié ; la rente 3 pour 100, qui se cotait jusqu’à 66, est tombée à 23. Les actions de 500 francs de la Compagnie royale des chemins de fer portugais sont descendues à 30 francs et les obligations ont perdu plus de la moitié de leur valeur. Le milliard et demi que nous avions confié à ce pays ne représente guère que 600 millions au cours du jour. Espérons que l’administration de la dette publique, chargée maintenant d’appliquer certains revenus spéciaux au service des coupons, saura augmenter ses recettes, et que celle des chemins de fer, dans laquelle figurent de nouveau nos compatriotes qui en avaient été brutalement exclus il y a quelques années, réparera peu à peu les malversations et les erreurs commises.

Avant de quitter ces deux pays, il est bon de signaler une situation qui s’y présente fréquemment et qu’il importe de rappeler pour mettre en lumière une des phases fréquentes de notre expansion financière à l’étranger. Il a été fort naturel, lorsque les Français ont fourni les capitaux nécessaires à l’établissement d’une industrie, d’un chemin de fer par exemple, qu’ils missent à la tête de la compagnie une direction et une administration dans lesquelles une large place était faite à l’élément français. Cette présence d’étrangers à la tête de sociétés, surtout lorsqu’il s’agit d’une sorte de service public comme les chemins de fer, a pu être une source de difficultés, quelque tact que nos compatriotes apportassent à l’accomplissement de leur mandat. A mesure que les années s’écoulent, les revendications deviennent plus pressantes ; les nationaux tendent de plus en plus à prendre une influence prépondérante dans l’affaire. Cette prétention est légitime, si elle s’appuie sur des achats de titres qui ont pour effet de transporter la majorité du capital de France dans le pays en question. Elle ne l’est pas, aussi longtemps que la position relative des deux marchés est inverse.

Si nous continuons notre tour d’Europe, nous arrivons à un pays dont les emprunts ont été une source de cruels mécomptes pour nos rentiers : nous avons nommé la Turquie, dont les titres avaient, à de nombreuses reprises, donné lieu à des émissions en France sous le second Empire et jusqu’au commencement de la troisième République, et dont la faillite en 1875 fit une brèche sensible dans notre épargne. Sans chercher à évaluer toutes les sommes que, de 1852 à 1873, nous avions confiées au trésor