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milliard et demi de francs ce qu’il nous reste de titres italiens de tout genre.

Le pays dont il convient de parler après les deux qui précèdent est l’Angleterre. Les consolidés anglais ont été depuis longtemps considérés comme une des valeurs les plus solides du monde, et il faut reconnaître que l’admirable gestion financière de nos voisins, jointe à l’énorme développement de richesse qui a caractérisé le règne de soixante ans de l’impératrice-reine Victoria, justifie la haute estime dans laquelle est tenue la rente de la Grande-Bretagne. Au rebours de la nôtre, dont le total est aujourd’hui trente fois ce qu’il était au lendemain des guerres du premier Empire, la dette anglaise est moindre qu’elle ne l’était en 1815. Au lieu de porter intérêt à 6 pour 100, comme alors, elle n’est plus qu’au taux de 2 trois quarts ; en 1903 elle ne rapportera plus que 2 et demi ; et malgré cela elle est au cours de 112 pour 100. Cette valeur, qui est de celles dont les propriétaires dorment tranquilles, mais mangent peu, tant le revenu en est mince, n’entre guère que dans le portefeuille de banquiers ou de riches capitalistes : il est peu probable que nous possédions pour plus d’un milliard de francs de titres anglais, en y comprenant même certains fonds coloniaux, indiens et autres, et des actions de chemins de fer et entreprises particulières du Royaume-Uni, des Indes et de ses multiples colonies.

La Belgique, la Hollande, la Suisse, sont à peu près dans le même cas. Bien que l’étendue de leur territoire et le chiffre de leur population soient peu de chose en comparaison de l’empire anglais, ces petits pays jouissent d’un excellent crédit. Le 3 pour 100 belge, hollandais, le 3 et le 3 et demi suisse sont aux environs du pair ; on peut évaluer à un milliard de francs ce que nous possédons de valeurs de cette catégorie. Outre les fonds d’Etat proprement dits, nous y comprenons les obligations 3 pour 100 de Berne et de Fribourg, les obligations du Nord belge inscrites à la cote, et un très grand nombre de valeurs industrielles, notamment de chemins de fer belges et suisses, auxquelles nos capitalistes sont intéressés[1].

  1. L’énumération en serait longue : Genève et Bruxelles sont trop près de Paris, les relations de ces deux pays avec le nôtre sont trop intimes et trop fréquentes pour que le résultat inévitable en quelque sorte n’en ait pas été d’attirer nos capitaux vers beaucoup de valeurs dont la liste se trouverait sur les cotes de ces deux villes et des autres places suisses et belles.