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approvisionnemens, elles établissent le long de la ligne des cabanes, abritant les bascules sur lesquelles on pèse les chariots, dont le contenu passe immédiatement dans les wagons. Une usine de l’Oise, qui se trouvait trop éloignée d’une ligne de chemin de fer pour se raccorder aisément aux fermes productrices de racines, a imaginé un transport aérien : un fil sans fin, portant des caisses en tôle qu’on remplit de betteraves, est soutenu à trois ou quatre mètres au-dessus du sol par de nombreux poteaux ; une machine à vapeur lui donne un mouvement continu, les caisses régulièrement attirées déversent dans l’usine leur chargement, puis, s’en retournent à vide pour en recevoir un nouveau. Une autre disposition, très en faveur, il y a une trentaine d’années, consistait à diviser le travail entre une usine centrale et des établissemens moins importans rayonnant tout autour d’elle, destinés seulement à la préparation des liquides sucrés ; ces râperies envoyaient par des tubes souterrains leurs jus à l’usine centrale, qui terminait le traitement.

Aussitôt qu’un chariot se présente pour faire une livraison on y prélève, immédiatement après la pesée, un échantillon qui servira à établir la valeur de cette livraison. Cette valeur découle du poids réel de betteraves apportées et de leur teneur en sucre. Pendant les années humides les racines entraînent au moment de l’arrachage des quantités de terre considérables, dont le poids doit être défalqué de celui qu’a marqué la bascule ; en lavant les racines, on enlève la terre, et il est facile d’établir le poids des racines amenées ; pour savoir à quel prix elles seront comptées, on en râpe quelques-unes ; par pression on obtient le jus dans lequel on plonge le densimètre, on lit le point d’affleurement ; on a ainsi la densité du jus, base du règlement.

Les livraisons se succèdent rapidement pendant le mois d’octobre, on les emmagasine dans de longs fossés, dans des silos, où elles sont couvertes d’une épaisse couche de terre pour les préserver de la gelée. L’essentiel est de les soustraire à l’humidité ; si l’eau pénètre dans le silo, les betteraves végètent, forment des pousses nouvelles aux dépens du sucre qu’elles renferment ; elles s’appauvrissent et leur traitement ne donne plus les excédens qui, au prix actuel du sucre, sont la seule source de bénéfice.

Le traitement des betteraves, qu’elles sortent des silos ou des chariots, commence toujours par un lavage qui a pour but de leur enlever la terre qu’elles ont entraînée au moment de