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au sud le Pré-aux-Clercs et s’arrêta très longtemps à la rue du Bac ; s’élargit au nord par la rue Montmartre et ne se dirigea décidément à l’ouest que de nos jours, lorsqu’il ne pouvait plus faire autrement.

« Monsieur d’Effiat, écrit quelque part le cardinal de Richelieu, est allé se baigner à Chaliot, d’où je pense qu’il reviendra demain. » Chaillot était, sous Louis XIII, une banlieue estimée pour sa belle vue, où les gens de qualité plaçaient volontiers leur « maison de bouteille ». Bassompierre avait donné l’exemple ; la reine Marie de Médicis, lui demandant à quoi pouvait servir l’acquisition qu’il venait de faire dans ces parages, ajoutait, avec la liberté de langage du temps : « Cela n’est bon qu’à y mener des garces. » — A quoi le galant maréchal répliquait : « J’y en mènerai, Madame. »

Sans avoir absolument conservé sa destination du XVIIe siècle, le promenoir et la pelouse de Chaillot demeuraient, sous Louis-Philippe, un but d’excursion où les Parisiens allaient le dimanche prendre l’air ; les uns buvant dans des guinguettes, les autres flânant au jeu de paume du Clos-Nitot, — place des Etats-Unis actuelle, — au milieu des champs cultivés à la charrue. La jeunesse élégante ne dépassait pas le Château-des-Fleurs — rue de Bassano, — lieu de délices à prix fixe, dépecé plus tard par M. Thome, et dont le propriétaire était ce comte de Châteauvillars, tireur mémorable, à qui nous devons le Code du Duel. Dans la semaine, aussitôt la nuit tombée, ces terrains vagues devenaient peu sûrs ; il était prudent de requérir la conduite de quelque agent de police pour rentrer chez soi.

Ce ne fut du reste qu’au milieu du second Empire que ces solitudes prirent forme et figure de ville. Jusqu’alors Thome avait travaillé dans l’intérieur de Paris, rues des Petits-Champs et rue d’Hauteville, avenue Gabriel et faubourg du Temple. Dans tous les quartiers des centaines de maisons s’élevèrent sous ses ordres et ses affaires ne cessaient de s’accroître. Il avait organisé, pour éviter les intermédiaires, des chantiers où travaillaient pour lui tous les corps d’état concernant le bâtiment. Plusieurs de ces ateliers occupaient le sol de ce qui devait être la place du Havre et disparurent devant la gare nouvelle en 1846. Les bénéfices n’étaient pourtant pas en rapport avec les risques et, quand survint la révolution de Juillet, Joseph Thome, surpris au milieu d’opérations devenues tout à coup dangereuses et dont il ne