divers, depuis ceux du dernier rang, édifiés avec les miettes d’un prédécesseur démoli, en vieux moellons salpêtres, avec charpentes et menuiseries d’occasion, jusqu’à l’immeuble de première classe dont se peuplent les larges avenues à gros loyers. Les pierres, toutes pareilles semble-t-il, qui s’alignent le long des trottoirs, diffèrent grandement d’une façade à sa voisine et, dans la même façade, d’un étage à l’autre. Bien peu d’entre elles sont parfaites ; une construction deviendrait ruineuse si l’on prétendait n’y faire entrer que des roches impeccables, « franches », « pleines » et « vives ». On se contente d’éviter les défauts graves qui compromettraient la durée de l’œuvre.
Ainsi l’on écartera les pierres moyeuses, au sein ulcéré par des cavités spongieuses, dont les maçons disent qu’elles « se mangent à la lune » ; certains carriers, habiles à truquer leurs marchandises, dissimulent la gangrène de ces moyers par des pièces de rapport scellées à la gomme laque. On repoussera les qualités trop « fières », qui éclatent sous les outils, les variétés « à poils », — fils à peine visibles que le temps se chargerait d’élargir, — colles qui sont affligées d’arêtes « pouf », tombant en poussière, de « molasses », veines terreuses, trop débiles, ou striées d’artères métalliques, sujettes à décomposer la masse du grès.
Que de choses en effet dans ces calcaires que nous trouvons à une faible profondeur, sous nos pieds, déposés par couches régulières, en l’état où le refroidissement du sol les a placés ! La pierre du bassin de Paris, au tissu lâche, moitié moins dense que le marbre de Paros, est un rameau impur de cette noble race des marbres, un carbonate de chaux mélangé. Elle renferme d’innombrables débris de mastodontes et de poissons antédiluviens, ampallaires ou crassatelles ; les savans y distinguent 200 familles de cérites géantes, une race qui n’existe plus que sur les côtes d’Australie. La présence de ces fossiles ne nuit pas à la solidité, les monumens antiques le prouvent : si les pierres de la Maison Carrée, à Nîmes, sont d’un grain très fin, celles du Pont-du-Gard sont pleines de coquillages, et les assises grisâtres des Arènes sont également peu compactes et peu dures.
Mais, chez les roches comme chez les hommes, « dureté » n’est pas toujours « ténacité » ; il en est de tendres et tenaces à la fois. D’autres, « froides », résistantes et fragiles cependant, se cassent au moindre choc — le silex par exemple. — Des sortes classées au haut de l’échelle, sous le rapport de la fermeté, sont