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plus considérable de vapeurs que les mélanges froids qui contiennent de la gomme au lieu de gélatine. Il sera donc toujours plus facile d’obtenir la salubrité d’un atelier d’allumettes de cire. Ce détail ne manque pas d’importance et devra être pris en considération.

L’exemple de l’usine d’Alger n’est pas isolé et, dans des conditions analogues, d’autres établissemens ont donné les mêmes résultats : c’est ainsi qu’on peut rencontrer au sud du Piémont et en Toscane quelques fabriques d’allumettes, moins importantes, et qui se sont toujours maintenues dans un état de salubrité absolue.

Bien différentes sont, comme on pense, les installations du nord de la France, de l’Angleterre et de la Belgique, où la ventilation forcée est la seule applicable. L’assainissement y est peut-être moins complet, mais les résultats sont cependant fort encourageans. Ainsi les applications de machines imposées par l’autorité dans les usines belges ont fait baisser le chiffre des accidens à ce point que, dans son dernier rapport officiel, le docteur Brocorens, médecin des usines et de l’hôpital de Grammont, concluait, à la date de juin 1895, qu’on n’y observait plus aucun cas de nécrose. On peut donc conclure aussi que le phosphorisme y avait complètement disparu.

Nous abordons maintenant le second facteur, la nécrose.

Nous avons vu que sa genèse repose non seulement sur le phosphorisme en vertu de cet aphorisme : « Sans phosphorisme pas de nécrose », mais qu’elle implique une autre condition qui a été depuis longtemps mise pour la première fois en évidence par le docteur Th. Roussel. Cette condition, c’est l’existence préalable chez l’ouvrier, d’une certaine lésion des mâchoires et de la dentition, lésion banale et commune d’ordinaire, mais qui joue ici un rôle important et décisif ; cette lésion est la carie dentaire.

La carie dentaire, c’est la porte d’entrée du mal chimique. Sans elle, pas de nécrose.

La prophylaxie dans ce cas est d’une extrême simplicité. Il ne faut laisser pénétrer dans une usine d’allumettes, ni y maintenir à aucun prix un ouvrier porteur d’une seule lésion de cette nature. C’est le système désigné sous le nom de sélection ouvrière.

Cela n’est pas toujours facile, car la lésion dont il s’agit est très répandue. Sa fréquence toutefois varie suivant maintes circonstances de santé, d’hérédité, de race. Dans certaines régions