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en réalité au domaine de l’hygiène proprement dite, qui depuis fort longtemps dans la fabrication des allumettes, aussi bien que dans un grand nombre d’autres industries malsaines, réclame l’application des machines en vue de réduire la part de l’intervention manuelle.

De nombreuses innovations ont été depuis longtemps appliquées aux opérations réputées les plus insalubres. Sans parler du débitage du bois et de la mise en presse mécanique, opérations qui précèdent la première application du phosphore et n’ont aucun intérêt en matière d’hygiène, nous nous arrêterons tout d’abord au trempage des presses après soufrage. Cette opération, l’une des plus dangereuses, se pratiquait et se pratique encore, dans beaucoup de pays, par la présentation directe de la presse garnie d’allumettes sur la plaque couverte de pâte chaude, exhalant d’épaisses vapeurs. Aujourd’hui ce trempage se fait au rouleau. C’est, d’après M. Ch. de Freycinet, une usine de Stratford, près Londres, qui inaugura la première machine de ce genre, la machine Higgins. Le rouleau occupe le centre d’une sorte de cage puissamment ventilée, et à l’entrée de laquelle un ouvrier présente la presse qui traverse l’appareil, passe sur le rouleau, et est reçue à la sortie par un autre ouvrier qui la dirige sur les séchoirs. L’opération est ainsi devenue rapide et à peu près inoffensive.

D’autres procédés automatiques ont été imaginés pour le dégarnissage des presses après le séchage. Mais ils ne peuvent guère opérer en vase clos, et dès lors ne réussissent pas à soustraire l’ouvrier aux vapeurs que dégagent les allumettes.

Il est de même une opération que les machines ne peuvent accomplir, c’est le dépiquage. Au moment où les allumettes tombées des presses sont rangées symétriquement dans des casiers ouverts, des ouvrières procèdent à cette manœuvre, qui consiste à retirer avec des pinces fines toutes les allumettes défectueuses ou mal rangées, celles qu’un commencement de combustion oblige à rejeter, les déchets enfin. L’amélioration de cette opération consiste uniquement dans la ventilation énergique de chaque poste d’ouvrière protégée ainsi par un auvent derrière lequel les gaz sont soigneusement entraînés.

Enfin les casiers, une fois dépiqués et remplis, prennent place dans une machine à emboîter qui est des plus ingénieuses : c’est une caisse close dans laquelle les allumettes sont rangées transversalement, tandis qu’une ouverture placée à la partie inférieure