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côtiers des deux classes ? — Existe-t-il des bases logiques d’évaluation ?…

Supposons une force navale observée de près par l’ennemi, sinon bloquée, pendant qu’elle se ravitaille sur la rade qui lui sert de base d’opérations, qu’elle s’y refait de ses fatigues, qu’elle y répare ses appareils moteurs et nettoie ses chaudières. C’est aux élémens actifs, mobiles, de la défense maritime qu’il appartient d’assurer à cette escadre une sécurité relative ; c’est aux torpilleurs côtiers notamment, de tenir l’adversaire le plus possible à l’écart, de l’empêcher de se rapprocher de la place à la faveur de la nuit, qui paralyse les ouvrages de côte, et de faire pleuvoir des obus sur la rade, sur les bâtimens, sur les établissemens à terre.

Une opération de ce genre, un bombardement inopiné et nocturne — qui n’a rien de commun avec le bombardement systématique et calculé du siège en règle — ne peut être entreprise que par une division relativement faible en nombre de la force navale ennemie. Celle-ci, en effet, ne saurait passer ses nuits à l’ouvert de la rade, et garder ses chaudières en activité sans user prématurément tous ses moyens d’action. Elle aura donc au moins la moitié de son effectif en réserve, soit au mouillage, dans les environs de la base d’opérations, soit au large, avec la moitié des feux, seulement.

Admettons que 4 cuirassés et un nombre correspondant de navires légers soient chargés, chaque nuit, de l’opération qui nous occupe. On ne peut compter moins de 12 torpilleurs de première classe — 3 par cuirassé — pour s’y opposer en attaquant avec quelque efficacité les unités lourdes de cette division. Or, il est clair que ces torpilleurs eux-mêmes méritent bien une nuit de repos sur deux ; d’où nécessité d’en attribuer 24 à la base d’opérations, et même 30, pour parer aux accidens, aux avaries, aux chances diverses de la guerre.

Mais, tandis que les torpilleurs se jettent sur les cuirassés de l’adversaire, il faut que des bâtimens un peu plus forts contiennent ses navires légers. C’est le rôle des avisos chefs de groupe, et nous devons en compter quatre ou cinq pour une flottille de 30 torpilleurs.

Que si le combat se rapproche de la place, que les nôtres aient le dessous, ou bien que cet engagement, prolongé jusqu’au jour, attire la réserve de l’escadre ennemie, il devient nécessaire — et