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admettre la faculté de créer ces échelons de ravitaillement au cours des premières marches sur des points empruntés au territoire ennemi, à ses îles, par exemple. Encore faut-il que les élémens de cette création soient préparés à l’avance et notamment que l’on ait prévu à quelles forces spéciales on confiera la défense de chaque échelon.

Mais nous sortirions de notre cadre si nous nous laissions séduire par ce sujet intéressant de l’organisation des bases maritimes. N’en retenons aujourd’hui que ce qui touche à la composition logique de notre flotte, c’est-à-dire l’organisation des défenses mobiles maritimes du littoral français et de ses annexes, Corse, Algérie, Tunisie, colonies exotiques.

Après de longues discussions — des discussions retentissantes et passionnées — on a fini par tomber d’accord sur la valeur des torpilleurs comme engins de défense des côtes. Bien mieux, ces torpilleurs, si dédaignés d’abord, ont réussi à se faire une place honorable, nous venons de le voir, dans les escadres actives, dans les forces navales de haute mer. Il est vrai de dire qu’ils ont dû, pour cela, renoncer au bénéfice que l’on considérait comme le plus essentiel à leur succès, l’invisibilité. Celui d’une grande vitesse, plus sûrement obtenue, plus longtemps maintenue, grâce à une augmentation sensible de leur tonnage, a suffi pour dessiller les yeux les plus prévenus contre la poussière navale ; et l’on s’est avisé des services que pouvaient rendre comme porteurs d’ordres, comme estafettes, de petits navires très rapides dans les circonstances fort nombreuses où l’état de la mer ne s’opposera pas au développement de leurs facultés.

Pour n’en pas avoir d’aussi brillantes que les torpilleurs de haute mer, les torpilleurs côtiers de première classe (80 tonnes au lieu de 120 ou 150) n’en sont pas moins de bons engins de guerre, très bien appropriés à leur service, et avec lesquels on n’hésitera pas à prendre le large, à faire de la défense active, la meilleure, la plus efficace. Il n’est même guère douteux qu’un chef d’escadre revenant à sa base d’opérations avec des torpilleurs de haute mer fatigués, ne s’estime satisfait de pouvoir remplacer momentanément ceux-ci par ceux-là.

On n’en saurait dire autant des torpilleurs de deuxième classe qui, sensiblement plus faibles (45-50 tonnes environ), doivent être laissés à leur rôle défensif.

Mais, en tout cas, quel doit être le nombre de ces torpilleurs