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LE RÈGNE DE L'ARGENT

VIII[1]
LA BOURSE
LA SPÉCULATION ET LA PUISSANCE FRANÇAISE

Comment parler du rôle de l’Argent dans nos sociétés modernes sans rien dire de la spéculation et de la Bourse? C’est là, pour nos contemporains, un sujet toujours nouveau. Jamais peut-être il n’a été autant de circonstance. La spéculation est descendue peu à peu dans toutes les couches de la société. Nous sommes loin des âges primitifs où elle était propre aux financiers et aux hommes d’affaires. Les hommes du monde y ont pris goût ; les petites gens y sont venus ; les femmes elles-mêmes ont voulu y mordre. La sphère de la Bourse s’agrandit, tous les jours, dans tous les sens. La spéculation gagne, à la fois, en étendue et en profondeur. La démocratie moderne, les découvertes de la science, le rapprochement des peuples, les conquêtes géographiques lui ouvrent, dans toutes les directions, des horizons plus vastes. L’inventeur patient qui perfectionne un procédé industriel, le pionnier grelottant de fièvre qui s’enfonce dans la forêt vierge travaillent, à leur insu, à élargir son domaine. C’est elle surtout qui est cosmopolite. N’avons-nous pas vu, récemment, les mines d’or de l’Afrique du Sud et les goldfields de l’Australie de l’Ouest l’entraîner vers les secs plateaux de l’hémisphère austral?

  1. Voyez la Revue des 15 mars, 15 avril, 15 juin 1894, 15 février et 15 mai 1895, 15 avril et 1er mai 1896.