Crimée pour couvrir la souveraineté du sultan non moins que l’intégrité de son empire contre la Russie ; elle s’est plus tard alliée à l’Allemagne pour le dépouiller en Europe et en Asie. En cette dernière occasion, à Berlin, lord Salisbury était l’un des plénipotentiaires de la Grande-Bretagne ; il est aujourd’hui le principal ministre de la reine Victoria, et l’on a vu plus haut le langage qu’il a fait entendre récemment. Mais passons, et bornons-nous à tenir pour certain qu’un effort unanime est tenté en vue de conjurer de nouvelles calamités, ainsi que les dangers qu’elles pourraient susciter pour le repos de l’Europe elle-même.
M. Hanotaux a tracé au sultan un programme qui ne laisse rien dans l’ombre et détermine correctement les devoirs qui s’imposent au gouvernement ottoman dans son propre intérêt, s’il est résolu à suivre les conseils des puissances. Notre ministre des Affaires étrangères a terminé son exposé en mettant le sultan lui-même en présence d’un dilemme auquel ce souverain ne saurait se dérober. « On saura, a-t-il dit, lui démontrer que cette politique (celle des réformes honnêtement pratiquée) est la seule digne, et qu’enfin là seulement se trouvent, pour lui et pour les siens, l’honneur et le salut. » C’était lui représenter, en termes courtois, que l’empire ottoman peut et doit vivre en s’améliorant ou périr et disparaître du nombre des nations. Cet avertissement, dépouillé d’artifice, venant de l’ami le plus ancien et le plus désintéressé de la Turquie, sera-t-il entendu ? Il faudrait le croire si on en juge par les nouvelles qui arrivent de Constantinople. La parole de M. Hanotaux a retenti sur les bords du Bosphore ; elle a réveillé le solitaire de Ildiz-Kiosk ; le sultan s’est hâté en effet de mander notre ambassadeur et lui a communiqué la série des mesures adoptées incontinent avec la ferme intention, aurait-il ajouté, d’en poursuivre, sans retard, l’entière application dans toutes les provinces de l’empire, mesures propres assurément, si elles peuvent être loyalement et pleinement exécutées, à donner satisfaction aux nécessités les plus pressantes.
Mais qui ne se demandera si le sultan et ses conseillers sont en situation, en les supposant bien et fermement intentionnés, de tenir les engagemens qu’ils ont ainsi contractés ? La tâche qu’ils entreprennent n’est-elle pas au-dessus de leurs forces et