Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 139.djvu/612

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

calculer objectivement les conditions, il faut remarquer que, dans cette science des probabilités, dont les différentes branches, soit progressives ou purement logiques, soit régressives ou étiologiques, ont déjà été explorées suffisamment, les savans n’ont encore aperçu que le pur mécanisme dans la production des faits, c’est-à-dire le simple fait du hasard, qui est l’aveugle destin dans cette production. Cependant, lorsque les lois d’une pareille production impliquent une véritable indétermination comme c’est ici le cas, et lorsque, par conséquent, le plus grand désordre dans cette production serait possible, en tant que, dans le pur mécanisme du hasard, rien ne saurait faire cesser cette indétermination, il faut, pour la finalité de la création, c’est-à-dire pour la détermination finale ou téléologique du hasard, postuler l’existence d’une loi qui le régisse universellement. »

Il ne sera pas inutile peut-être de traduire en français. Tout, dans ce monde, est déterminé et soumis à des lois scientifiques. Les épreuves, que le vulgaire nomme le hasard, ne peuvent échapper à cette loi supérieure, et rester indéterminées ; il est nécessaire qu’avant l’épreuve la science puisse en prévoir le résultat ; la loi existe nécessairement, il est donc possible de la découvrir.

Et voilà pourquoi Wronski a cherché, et par conséquent trouvé, la loi téléologique qui maîtrise le hasard. Cette loi permet de gagner à coup sûr à la loterie, malgré les avantages scandaleusement iniques que se réservait le gouvernement. Par une exception à ses principes, dont on devine la raison, il a fait l’expérience, et l’a mal faite, car elle a réussi. Wronski cependant est resté pauvre, et la raison qu’il en donne, est que les calculs nécessaires entre deux tirages troublaient ses méditations.

Wronski, lors de l’apparition du choléra à Paris, voulut chercher les causes et les lois du fléau. Rien n’est plus simple.

La cause du choléra consiste dans une polarisation géogénique. Cette polarisation se développe sur un grand cercle de la terre passant par le plateau de l’Himalaya et par l’isthme de Panama. C’est sur ce même grand cercle que se poursuit le développement de la civilisation, en sorte que la marche du choléra peut enseigner aux archéologues celle de la civilisation. Par suite de cette progressive polarisation géogénique ou tellurique, le choléra-morbus n’est aussi qu’une polarisation de l’organisation animale, surtout dans l’homme ; le pôle positif formant un état de pyrexie et le