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mouvement du centre de gravité. Les résistances qui s’exercent entre l’essieu et le moyeu ne produisent aucun effet direct sur le centre de gravité, et, par conséquent, sur l’ensemble du système.

La rotation directement imprimée aux roues d’une locomotive, peut, sous certaines conditions (que Wronski nomme monstrueuses) imprimer aux chars une vitesse considérable. Le point d’appui qu’offre le frottement des roues d’un char, dans ce grossier procédé, est tellement faible, qu’il faut, pour obtenir le mouvement du char, opérer sur un plan horizontal. Nous sommes donc ramenés, par ce prétendu progrès, aux temps barbares des gigantesques voies des Romains.

Cet étrange reproche doit rester sans réponse.

Wronski ignore les lois du frottement; il n’espère pas que les locomotives puissent jamais gravir de grandes pentes, et il a raison, mais il admet qu’on pourrait accroître la résistance en accroissant la vitesse de rotation : c’est une erreur.

Wronski pose enfin le problème qu’il prétend avoir résolu : conserver par sa propre inertie le mouvement du char en la soustrayant aux obstacles accidentels que présentent les voies au chariot, et, cela, sans toucher en rien à ces voies, pour ne pas retomber dans les chemins de fer.

Wronski obtient la solution complète en « isolant ou en rendant indépendant l’essieu qui porte le char, des jantes des roues sur lesquelles roule cet essieu et le char entier. »

Le doute est impossible. Wronski veut soustraire le char à la résistance du sol, non pas en la diminuant, comme on fait au moyen des roues, ni même en changeant sa direction, comme dans les locomotives, mais en obtenant l’indépendance des deux parties d’un même système.

Quand la gracieuse Camille courait sur les épis sans courber les tiges, elle avait certainement fait préparer ses sandales par un précurseur de Wronski.

« Toute réalité dans ce monde peut être déterminée d’avance par des conditions rationnelles, et fixée par des considérations scientifiques. »

Wronski a appliqué ce principe au calcul des probabilités :

« En faisant abstraction, dit-il, de la simple probabilité logique dont on ne peut que peser subjectivement les conditions, et en ne considérant que la probabilité mathématique, dont on peut