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HOËNÉ WRONSKI



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Hoëné Wronski était-il un charlatan, un fou ou un homme de génie ? Un savant éminent, célèbre par des travaux excellens et variés, Yvon Villarceau, admirateur de Wronski, ou bien près de l’être, a posé la question sans la résoudre. Il serait imprudent, tant qu’elle reste douteuse, de publier les manuscrits inédits qui se comptent par centaines. Une savante commission, nommée par l’Académie de Cracovie, les possède presque tous et est chargée de les étudier. Le caractère commun des écrits de Wronski est une obscurité qui, volontaire, ressemblerait au charlatanisme, involontaire, peut faire soupçonner la folie. On a souvent cherché à comprendre Wronski ; personne, à ma connaissance, pour aucun de ses écrits scientifiques, n’y a complètement réussi. Les plus heureux, après avoir traduit en langage ordinaire, ce qui n’est pas toujours facile, l’énoncé du problème cherché par Wronski, l’ont résolu par les méthodes connues, et constaté la ressemblance, rarement l’identité des résultats. Aucun n’a dissipé les ténèbres.

Wronski abordait tous les sujets, c’était sa prétention, et la preuve de son génie. Il a découvert la loi suprême des mathématiques, — c’est lui qui la nomme ainsi, — et résolu les équations de tous les degrés ; il a réformé la mécanique céleste, substitué à la loi de Newton un principe plus exact, plus général, et déduit du raisonnement seul ; il a fait connaître la loi des températures et des densités, à toute profondeur, dans l’intérieur du globe terrestre ; corrigé la théorie des marées laissée imparfaite par Laplace ; créé une philosophie nouvelle de la physique et de la chi-