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LE DUC DE BOURGOGNE

NAISSANCE ET PREMIÈRE ENFANCE

Dans un château voisin de Paris, où tantôt de chères affections, tantôt de douloureux devoirs ont souvent ramené l’auteur de ces lignes, se trouve un beau portrait du duc de Bourgogne, qui est l’œuvre de Rigaud. La taille élégante est bien prise dans un corselet de fer. Sous une perruque abondante, les traits apparaissent réguliers et fins; les yeux sont brillans et doux; le geste aisé et noble. En bas du tableau se lit, en lettres d’or, cette inscription fastueuse : Ludovicus Delphinus Burgundus, divi Ludovici divus pronepos. Dans le haut, en lettres dont les ors plus brillans semblent indiquer que cette seconde inscription est plus récente, se détache cet hémistiche bien connu de l’Enéide : Hunc tantum terris ostendent fata. Les destins ne feront que le montrer à la terre.

Ce portrait provient du marquis de Louville[1], qui, après avoir été attaché à Philippe V, roi d’Espagne, comme chef de sa maison française, devint à son retour en France gentilhomme de la chambre du duc de Bourgogne, et demeura auprès de lui en cette qualité jusqu’à la fin. Parent du duc de Beauvilliers, il avait

  1. Portrait et château appartenaient naguère à Mgr d’Hulst qui, par sa mère, née du Roure, descendait du marquis de Louville. Ils sont aujourd’hui la propriété de ses héritiers. Le portrait est une réplique de celui qui est au Musée de Versailles.