attentats sur les enfants de 539 à 651. Ces derniers crimes représentent aujourd’hui les six dixièmes des condamnations portées contre les hommes, alors qu’en 1830 ils ne représentaient qu’un dixième. La moyenne de ces crimes est, en France, de 700 par année, tandis qu’en Italie, pays de la plus forte criminalité générale, elle oscille entre 250 et 300. La moyenne des infanticides en France est de 180 par année, en Italie de 80. Outre l’augmentation générale de la criminalité sous toutes ses formes, on remarque (fort heureusement) une sorte de spécialisation du crime, surtout pour les actes de violence, qui se renferment de plus en plus dans une certaine classe, celle des récidivistes. Le chiffre de ces derniers, qui était de 30 pour 100 en 1850, est monté à 65 pour 100. En somme, la criminalité a triplé chez nous depuis cinquante ans, quoique la population ait à peine augmenté. Quand un écrivain parle de « l’armée du crime », il fait parfois sourire. Mais considérez les chiffres : il y a eu pendant l’année 1892, dans les prisons, 516 671 entrées, 468 007 sorties. Au 31 décembre 1892, l’effectif des condamnés était de 48 664. Le total des journées de détention a été de 17 081 391 ; 516 671 cliens de la prison par an, n’est-ce pas véritablement une « armée » ?
Le côté le plus lamentable de la statistique criminelle est celui qui regarde les enfans et jeunes gens. Déjà, de 1826 à 1880, tandis que les délits de droit commun avaient triplé chez les adultes, la criminalité des jeunes gens de seize à vingt et un ans avait quadruplé, celle des jeunes filles presque triplé. Quant aux enfans poursuivis, le nombre en avait doublé. Dans la seconde période, 1880 à 1893, la criminalité grandit encore beaucoup plus rapidement ; en dix ans, on voit le nombre des enfans criminels s’accroître du quart, tandis que celui des adultes s’accroît seulement d’un neuvième. Aujourd’hui, la criminalité de l’enfance dépasse presque du double celle des adultes. Et cependant, les mineurs de sept à seize ans ne représentent pas 7 millions d’âmes, tandis que les adultes en comptent plus de 20. A Paris, plus de la moitié des individus arrêtés ont moins de vingt et un ans, et presque tous ont commis des fautes graves ; en une seule année (1880), 30 assassinats, 39 homicides, 3 parricides, 2 empoisonnemens, 114 infanticides, 4 212 coups et blessures, 25 incendies, 153 viols, 80 attentats à la pudeur. 458 vols qualifiés, 11 862 vols simples ; voilà le bilan de cette belle jeunesse ! Aujourd’hui, c’est bien pire encore. La précocité, a-t-on dit, est une des marques