s’aider eux-mêmes ; ce parti voulait faire régner le christianisme par les ouvriers, et les « jeunes » voulaient faire régner les ouvriers par le christianisme. Sur cette querelle fondamentale, une série d’incidens et de questions secondaires se greffaient. L’affaire de M. de Waechter, candidat en théologie, évincé de l’Eglise wurtembergeoise pour ses opinions socialistes, et l’affaire de M. Schall, pasteur en Brunswick, accusé d’être resté neutre entre un candidat agrarien et un candidat socialiste et d’avoir finalement fait l’éloge de cette dernière doctrine ; l’affaire de M. Klein, pasteur silésien, vainement dénoncé aux autorités ecclésiastiques comme le champion d’une grève de tisserands, et l’affaire de M. Kock, pasteur de Poméranie, coupable d’avoir flétri comme une source fatale d’immoralité les conditions d’existence des ouvriers agricoles, signalé à l’empereur par le seigneur du lieu, et déplacé : voilà quelques exemples (et l’on en pourrait citer d’autres) des épisodes qu’appréciaient en sens contraires M. Naumann et les chrétiens sociaux de nuance conservatrice. Je ne sais quel perpétuel agacement de se sentir toujours en désaccord préparait un choc bruyant.
Ce furent certains articles de la Hilfe qui provoquèrent le choc. Sans souhaiter la lutte des classes, la Hilfe constatait que cette lutte existait, et qu’il était possible d’en disputer au socialisme le monopole et le profit ; et l’on ripostait que M. Naumann fomentait la haine des classes. Elle publiait, sous la signature de M. de Schulze-Gaevernitz, professeur à l’université de Fribourg-en-Brisgau, des articles d’économie rurale où s’était glissée cette formule : « La terre à la masse ! Das Land der Masse ! » et l’on accusa M. de Schulze-Gaevernitz de communisme. Enfin elle consacrait à la politique modérée du socialiste Vollmar un article élogieux, et M. Wenck, pasteur de la Mission Intérieure, qui l’avait écrit, passa tout de suite pour un révolutionnaire. En janvier 1895 la crise éclata : elle fut déchaînée par le personnage qui depuis deux ans est réputé le plus puissant de l’Allemagne, par M. le baron de Stumm ; et ce n’est pas seulement contre les « jeunes », c’est contre le mouvement évangélique social tout entier que l’offensive fut dirigée.
« Nous sommes dans la période Stumm » : c’est ainsi qu’on désigne, en Allemagne, le temps qui court. Et dans ces parties