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amener à se confédérer : les premiers remontent à l’établissement du gouvernement parlementaire dans les colonies, c’est-à-dire à plus de quarante ans en arrière. Depuis quinze ans, la question est discutée presque quotidiennement dans la presse australienne. En 1885, le parlement d’Angleterre a même passé une loi autorisant la constitution d’un Conseil fédéral de l’Australasie où seraient représentées celles des colonies qui le désireraient ; mais ce conseil est un corps purement délibératif, qui ne dispose d’aucunes ressources et auquel n’est adjoint aucun organe d’exécution. Malgré cela, ce fantôme aurait pu prendre corps quelque jour et se transformer en un véritable organe de gouvernement commun, si toutes les colonies y avaient envoyé des délégués : malheureusement, la Nouvelle-Galles du Sud refusa toujours de le faire, ainsi que la Nouvelle-Zélande, et l’Australie du Sud ne fut représentée que durant une session. Le Conseil ne s’est réuni que cinq fois depuis dix ans et a siégé une quinzaine de jours chaque fois. Dès aujourd’hui cette ombre d’assemblée est une institution caduque avant d’avoir vécu ; ce n’est pas d’elle que peut venir le mouvement qui fera passer du domaine des discussions dans celui des faits la question de la fédération.

Depuis 1890, toutefois, deux tentatives plus sérieuses ont été faites : la première a eu lieu sur l’initiative de sir Henry Parkes, premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud : des délégués des sept colonies se réunirent à Melbourne en février 1890, votèrent une adresse à la Heine dans laquelle ils affirmaient qu’une prompte union des colonies australiennes, sous l’égide de la couronne, était hautement désirable ; que les colonies australiennes plus éloignées (la Nouvelle-Zélande et les îles Fidji) devraient être admises dans l’Union : enfin qu’une convention nationale composée de délégués élus dans leur sein par les parlemens des diverses colonies, à raison de sept membres au plus pour chacune, serait convoquée l’année suivante à Sydney.

Cette Convention, où toutes les régions de l’Australasie étaient représentées par leurs hommes politiques les plus en vue, de tous les partis, et qui comprenait les premiers ministres de six colonies sur sept et les présidons des Chambres de plusieurs d’entre elles, se réunit à Sydney le 2 mars 1891, et acclama son promoteur, sir Henry Parkes, comme président. On put croire que la fédération était faite. Pendant la session, qui dura cinq semaines, un projet de constitution fut élaboré : les pouvoirs et les droits des colonies,