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LES COLONIES ANGLAISES
ET LES
PROJETS D'ORGANISATION DE L'EMPIRE BRITANNIQUE


I

L’Empire britannique est le plus vaste qui ait jamais existé : son étendue est triple de celle de l’Europe et dépasse le cinquième de la surface totale des terres émergées, laissant bien loin en arrière les territoires, pourtant énormes, occupés par la Russie, la Chine, les États-Unis d’Amérique, le Brésil ; sa population est probablement quelque peu inférieure à celle du Céleste Empire, mais n’en forme pas moins un quart de l’humanité. Sans doute, les pays soumis au sceptre de la reine Victoria sont dispersés sur tous les points du monde, au lieu de former une masse compacte comme les contrées que nous venons de nommer, ou les grands empires de l’antiquité. Mais ce manque de cohésion est plus apparent que réel. Les moyens de communication sont devenus si rapides de nos jours qu’il suffit à peu près d’un mois pour se rendre d’un point à un autre de l’Empire britannique, si éloignés soient-ils. Il fallait assurément plus de temps, il y a dix-huit cents ans, pour traverser l’Empire romain, et il en faut plus encore aujourd’hui pour passer d’une extrémité à l’autre de l’Empire russe. Dira-t-on que l’obligation de traverser les mers pour parcourir les possessions de l’Angleterre est une cause de faiblesse pour cette immense domination ? Mais la mer n’est-elle pas anglaise, au dire de tout bon Anglais, que justifie la puissance de la flotte