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traditions de leurs devanciers, il est encore quelques paysagistes aujourd’hui qui, par leurs qualités, rappellent les grands maîtres de l’école flamande d’autrefois. De ce nombre est H. W. Mesdag, le peintre de la mer du Nord, dont on a remarqué depuis longtemps, en France, les envois annuels au Salon, mais dont on appréciera mieux encore l’originalité dans le choix des sujets, la vigueur de l’exécution en étudiant l’ensemble de son œuvre dans le bel album que vient de lui consacrer M. Ph. Zilcken, un aqua-fortiste de grand talent qui a gravé les principaux tableaux de l’artiste hollandais[1]. C’est bien la mer du Nord avec le Zuyderzée que l’on a devant soi, et l’on pense à Ruysdael, Hobbema, Cuip, Van Goyen, Guillaume van de Velde, à tous ces peintres de paysage et de marine qui ont fixé à jamais ces scènes de la vie hollandaise dans son cadre, toujours le même, de vie maritime, de dunes, de pâturages, de canaux, de fermes, de moulins, de minces horizons que les-nuages semblent encore fermer comme d’un écran mobile qui en rapproche toutes les distances, en modifiant la gamme des tons à l’infini. Puisqu’elle évêque tous ces souvenirs, c’est assez caractériser la valeur de l’œuvre de M. H. W. Mesdag.

L’Histoire populaire de la peinture, par M. Arsène Alexandre, complétée cette année par l’Ecole italienne[2], termine cet ouvrage de vulgarisation qui contribuera à développer le goût des choses d’art.

Le quatrième volume de M. Lafenestre sur la Peinture en Europe, consacré à Venise[3], fournit lui aussi les renseignemens les plus précis et les plus sûrs sur la provenance et la valeur des œuvres d’art des musées ou des collections particulières de la ville des Doges.

Dans Florence et la Toscane[4], M. F. Muntz, dont le nom nous dispense de faire l’éloge, nous donne une large peinture de toute cette région de l’art italien par excellence.

Nous restons sur les côtes de la Méditerranée avec M. Gaston Vuillier, qui après avoir visité la Sicile a cette année parcouru la Tunisie[5] avec une curiosité intelligente et passionnée et célébré également les ruines de Carthage et la clarté des plages africaines, les sables d’or de l’Araad et les fiers débris romains ; ses beaux dessins et ses aquarelles ajoutent encore à l’effet de ses brillantes et vives narrations et de ses descriptions colorées, et l’unité est parfaite entre l’idée et l’exécution.

M. Marius Bernard, qui a lui-même décrit les Côtes barbaresques et visité les Côtes latines, l’Espagne de Tanger à Port-Vendres, continue

  1. H. -W. Mesdag. — Le peintre de la mer du Nord, avec texte et eaux-fortes, par Ph. Zilcken, 1 vol. in-4o ; May et Motteroz.
  2. Histoire populaire de la peinture, par M. Arsène Alexandre. — École italienne, 1 vol. in-4o, illustré de 250 gravures ; Henri Laurens.
  3. La Peinture en Europe (Venise), par MM. Georges Lafenestre et Richtenberger, 1 vol. petit in-18 ; May et Motteroz.
  4. Florence et la Toscane, par M. Eugène Muntz, 1 vol. in-4o illustré ; Hachette.
  5. La Tunisie, texte et dessins, par M. Gaston Vuillier, 1 vol. in-4o ; Mame.