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d’artillerie de campagne forment maintenant un total de 494 batteries dont 47 à cheval. Cette loi était promulguée le 3 août 1893, et, le 17 octobre, elle était appliquée dans toute son ampleur. La transition de l’ancienne à la nouvelle organisation était suffisamment préparée pour se passer d’étapes progressives, et l’on procédait d’un seul coup à l’accroissement des effectifs sous les drapeaux, à la création des unités nouvelles, et à l’anticipation d’appel de la classe. C’était donner la mesure d’une armée que la montrer capable d’un tel effort d’extension à l’heure même où il lui était demandé.

Résumer les avantages de cette loi, c’est dégager la tendance allemande à faire la guerre avec les troupes de première ligne, en leur attribuant toute la valeur possible. Ce développement considérable de l’organisation du temps de paix vise avant tout l’amélioration des élémens destinés aux troupes de campagne, parce que c’est avec l’armée du temps de paix mobilisée que se décidera la guerre. La proportion entre les hommes de l’active et ceux de la réserve est largement modifiée au profit des premiers. Le rajeunissement des classes se propage de proche en proche dans les élémens destinés à constituer l’armée mobilisée, et ce rajeunissement est tel que deux classes de réservistes sur quatre deviennent disponibles pour les formations de réserve qui jusqu’alors n’absorbaient que de la landwehr. La catégorie des non-exercés disparaît presque entièrement, et la totalité des réserves n’est plus composée que d’hommes instruits.

Cette volonté de conserver aux troupes de première ligne l’intégralité de force où elles peuvent atteindre vient encore de recevoir une nouvelle confirmation de la transformation d’organisation des demi-quatrièmes bataillons, « Ces demi-quatrièmes, avait dit plaisamment un membre du Reichstag, ne vont pas tarder à crier pour réclamer la moitié qui leur manque. » Ce n’est pas encore tout à fait arrivé, le gouvernement ayant sans doute reculé devant les difficultés d’échapper dès maintenant aux limites d’effectif imposées par le quinquennat de 1893 à 1899. Mais l’on peut déjà prévoir qu’on s’arrêtera à ce parti, l’organisation à laquelle on vient d’aboutir devant nécessairement y conduire, lorsqu’une nouvelle expérience de deux années aura démontré, avec l’insuffisance de la mesure, qu’elle ne pouvait avoir qu’un caractère transitoire.

Lors de leur adoption, le service de deux ans et les demi-quatrièmes bataillons avaient été présentés comme un mal nécessaire qu’il fallait subir, si l’on voulait augmenter la valeur de l’armée du temps de guerre et le nombre des hommes passant sous les drapeaux. Ces demi-bataillons étaient destinés à rendre possible